1) Généralité 1
Déf : dermatose inflammatoire des follicules sébacés secondaire à une hyperséborrhée
Physiopathologie : la sécrétion du sébum est principalement sous contrôle de la dihydrotestostérone. La séborrhée survient sous des taux normaux d’androgènes circulants, elle est liée à une sensibilité particulière des récepteurs périphériques des sébocytes et kératinocytes (hyperandrogénie périphérique). Le formation du comédon est liée à une hyperprolifération des kératinocytes du follicule pilo-sébacé (anomalies de différenciation cellulaire).
La flore des follicules sébacés est particulière chez les sujets acnéiques : elle est dominée par le Propionibacterium acnes (BG+), dont certaines souches ont un fort pouvoir inflammatoire sur le follicule. L’acné n’est donc pas une maladie infectieuse, mais une maladie inflammatoire (médiée par un agent infectieux 0)
Epidémio 0
– 90% des ados (mais 25% avec PEC)
– débute à la puberté ++.
2) Diagnostic 1
Clinique | Paraclinique |
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Lésion typique | – |
A ) Clinique
Il existe différents types associant 6 lésions élémentaires
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Lésions élémentaires
2 = comédons ouverts : « points noirs ». Bouchons cornés de 1-3 mm (facile à exprimer et donnant un filament jaune avec bout noir 0)
3 = microkyste (ou comédon fermé) : Elevure de couleur normale de 2-3 mm.
4 = papule : élevure rouge, ferme, < 10 mm, ± douloureuse
5 = pustule : élevure purulente
6 = nodule : lésion > 10 mm, profonde, laissant des cicatrices
1-2-3 => lésions rétentionnelles, obligatoires pour le diagnostic d’acné
4-5-6 => lésions inflammatoires
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Formes cliniques
Formes communes
– acné rétentionnelle : 1+2+3
– acné mixte juvénile : 1 à 5
Formes graves
– acné nodulaire (conglobata) : 1 à 6. S’étend au tronc et à la racine des membres. Formation de tunnels suppuratifs et fistulisés entrainant des cicatrices déprimées.
– acné fulminante (rare) : 6 ++ . Début brutal, souvent chez le garçon, avec fièvre à 39-40°C, arthralgies. Evolution nécrotique et hémorragique des lésions
Autres formes particulières d’acné
– acné néo-natale (androgènes maternels)
– acné prépubertaire : essentiellement rétentionnelle
– acné exogène : bouton d’huile des mécano, produits cosmétiques
– acné de la femme adulte (>25 ans) : lésions rétentionnelles partie haute du visage, papules ou nodules mandibulaires
– acné lié à une endocrinopathie par hyperandrogénie, surtout chez la femme avec acné sévère ou persistante. Bilan nécessaire !
– acné excoriée : presque exclusivement féminine, érosions provoquées par des manipulations excessives de la peau
B ) Paraclinique
Inutile !
C ) Diagnostic différentiel
Dans toutes les autres folliculites, il n’existe pas de comédons ni microkystes!
Folliculites médicamenteuses : Lésions monomorphes (papulo-pustules), début brutal, régression à l’arrêt du médicament. Médicaments en cause : androgène, POP, corticoïde, anti-épileptique…
Autres folliculites
– folliculite infectieuse (bactérienne, à demodex ou candida)
– rosacée (papulo-pustuleuse ou granulomatose)
– syphilides acnéiformes
– sarcoïdose
3) Evolution 0
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Histoire naturelle
– début à la puberté
– disparait avant 20 ans
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Complications
uniquement les formes sévères
4) PEC
A ) Bilan 1
Généralement, aucun bilan paraclinique n’est nécessaire.
Bilan de gravité (clinique) 2 : échelle GEA (global acne evaluation) ne prenant en compte que l’atteinte du visage, penser aux lésions du tronc
– Grade 0 : pas de lésion ; pigmentation résiduelle et érythème
– Grade 1 : très légère ; rares comédons ouverts ou fermés / papules
– Grade 2 : légère ; comédons et papulo-pustules touchant < 50% du visage
– Grade 3 : moyenne ; comédons et papulo-pustules touchant > 50% du visage, ± 1 nodule
– Grade 4 : sévère ; comédons et papulopustules touchant tout le visage, rares nodules
– Grade 5 : très sévère ; acné très inflammatoire recouvrant tout le visage avec des nodules
Bilan étiologique : chez la femme, une acné persistante ou grave doit faire rechercher une endocrinopahtie : bilan hormonal (testostérone libre, 17-OH-progestérone, sulfate de DHA, Δ4-androstènedione) + échographie abdominale dans l’hypothèse d’un SOPK.
B ) Traitement 2
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Règles hygiéno-diététique
– Toilette quotidienne ou bi-quotidienne avec des gels ou pain dermatologique sans savon (syndet)
– Application d’une crême hydratante adaptée
– Ne pas manipuler les lésions !
– Eviter les produits alcoolisés ou antiseptique
– Le maquillage adapté à la peau acnéique est possible 0
– Photoprotection
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Traitement médicamenteux
Locaux : 1 application par jour (le soir de préférence 1), espacer 1 jour sur 2 ou 3 en cas d’irritation locale
– Rétinoïde topique (RT) : adapalène, trétinoïne
– Peroxyde de benzoyle (POB) à 2,5%, 5%, voire 10% pour le dos 1
– ATB local : érythromycine, clindamycine 1
Généraux (systémique)
– ATB systémique : doxycycline, lymécycline (érythromycine à réserver aux situations exceptionnelles sans autre option). Toujours en association avec un autre traitement local (PAS avec ATB local). Sur une durée de 4 mois 1.
– Isotrétinoïne (! tératogène, CI grossesse stricte !) : au moins 0,5 mg/kg/j en dose d’attaque, jusqu’à une dose cumulée de 120-150 mg/kg
– Gluconate de zinc : peut être prescrit pour des acnés inflammatoires grade 1 à 3 en cas de CI ou de mauvaise tolérance des autres traitements
Notes :
– Le patient doit être informé du délai nécessaire à l’observation d’une amélioration (quelques semaines 2, 2 à 3 mois 1) et des effets indésirables (irritation et phototoxicité sous traitement local, décoloration des vêtements par le POB).
– Les ATB locaux ne sont jamais utilisés seuls mais en association avec un RT ou un POB. Ils ne sont jamais utilisés plus de 4 semaines.1
– Le seul traitement permettant d’obtenir une guérison est l’isotrétinoïne (50% dans les acnés sévères), tous les autres sont des traitements suspensifs.
– La prescription initiale d’isotrétinoïne est réservée aux dermatologues, son renouvellement est possible par tout médecin. En raison du risque tératogène, une contraception efficace doit être mise en place de 4 semaines avant le début à 1 mois après la fin du traitement, avec test de grossesse mensuel et à 5 semaines de la fin du traitement 2. Aussi responsable d’une sécheresse cutanéo-muaueuse (lentilles de contact à proscrire), d’une élévation des transaminases (Transaminases, cholestérol et triglycérides à faire tous les 3 mois) et d’une exacerbation de l’acné les 4 premières semaines. Attention: CI de l’association avec les cyclines : Risque d’HTIC. 1
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Indication
Le respect des RHD est systématique.
Le traitement médicamenteux est introduit selon la volonté du patient (min 3 mois de traitement d’attaque, puis traitement d’entretien aussi longtemps que nécessaire)
Grade GEA | Traitement |
---|---|
0 | RT ou RT + POB |
1 | RT ou POB Echec à 3 mois : RT + POB |
2 | RT + POB Echec à 3 mois : – Intensification du traitement (changement de molécule / augmentation du dosage / de la fréquence) – ATB local + (RT ou acide azélaïque) – ATB général + RT + POB |
3 | (RT + POB) ou (ATB général + RT + POB) Echec à 3 mois : isotrétinoïne |
4 | ATB général + RT + POB Echec à 3 mois (ou plus tôt en cas de risque cicatriciel important ou de récidive rapide) : isotrétinoïne |
5 | Isotrétonoïne (dose abaissée dans les formes avec forte composante rétentionnelle, en prévention de l’acné fulminans) ± précédée d’une évacuation microchirurgicale des lésions rétentionnelles (en prévention des poussées inflammatoires de début de traitement) |
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Contraception et grossesse
Contraception durant l’acné
– 1e intention : lévonorgestrel
– 2e intention : norgestimate
L’association de 35 μg d’éthinyl-estradiol et 2 mg d’acétate de cyprotérone (Diane 35®) était utilisée dans le traitement de l’acné. Son rapport bénéfice-risque a été réévalué : elle n’est plus recommandée dans le traitement de l’acné, elle peut être utilisée à visée contraceptive mais pas en première intention (tenir compte du risque thrombo-embolique), et sans l’associer à un traitement par isotrétinoïne.
Grossesse et allaitement : reporter le traitement si possible, sinon le POB, le gluconate de zinc (à partir de T2) et éventuellement l’érythromycine sont utilisables
4 réponses à “Acné”
Les antibiotiques topiques sont utilisés pour leur action anti-inflammatoire (et non antibiotique)
ATTENTION : dans les notes sur les traitements systémiques. Concernant la contre indication de co-prescription de l’isotrétinoïne ,avec un les antibiotiques, elle porte sur les cyclines, pas les macrolides
Correction faite ! Merci pour cette relecture
Note : il existe des cremes combinant RT+POB (ce jour : seulement Epiduo, mais non remboursée !?)