Psy
Fiche réalisée selon le plan MGS
Item ECNi 76
Déf : Tout usage de cocaïne est considéré comme un mésusage. L’addiction à la cocaïne répond à des critères spécifiques. (Cf. Fiche addictions)
Type et présentation : La cocaïne, issu des feuilles de coca, se consomme sous différentes formes
– Forme chlorhydrate : poudre blanche sniffée ou injectée
– Forme « base » (ajout de bicarbonate de soude = crack ou d’ammoniaque = freebase) : cailloux ou galettes qui seront fumés ou injectés.
Epidémiologie (données françaises) : substance stimulante illicite la plus consommée !
– Première consommation à 22 ans en moyenne, entrée en traitement à 33 ans
– Sex-ratio masculin 3 à 4/1
– 400.000 personnes ont un problème de consommation
2) Diagnostic 1
Le diagnostic d’addiction repose sur les critères spécifiques du CIM10
Clinique | Paraclinique |
---|---|
Interrogatoire Syndrome d’intoxication aigue (symptologie maniaque – descente) Syndrome de sevrage (humeur dysphorique) |
Test sanguin ou urinaire |
A ) Clinique
Comme pour toute addiction, on retrouve :
– des symptômes comportementaux
– une répercussion sociale et/ou médicale
– des symptômes pharmacologiques (sevrage)
- Signes d’intoxication aigue
Le délai d’apparition et l’intensité des symptômes dépendent de la voie d’administration, des individus et de la dose consommée.
Effets neuropsy :
> Phase initiale = rappelle la symptomatologie maniaque
– Euphorie (quelques minutes)
– Sensation de bien-être, augmentation de l’énergie, idées de grandeur, désinhibition
– Hypervigilance, augmentation de la concentration
– Anorexie, insomnie
– Excitation sexuelle
> Dysrégulation hédonique (« descente ») : quelques minutes à quelques heures
– Dysphorie, irritabilité, anxiété, perte de l’estime de soi
– Asthénie
Effets végétatif :
– Tachycardie, HTA
– Mydriase
– Pâleur cutanée.
- Signes d’intoxication chronique
On retrouve les signes relatifs aux complications.
- Syndrome de sevrage
Les symptômes apparaissent quelques jours après l’arrêt et peuvent durer plusieurs semaines :
– Humeur dysphorique, agitation
– Asthénie, ralentissement psychomoteur
– Troubles du sommeil (hypersomnie), augmentation de l’appétit
B ) Paraclinique 2
Le diagnostic d’addiction est clinique.
Une consommation aigüe (+/- récente) peut être détectée par un test sanguin ou urinaire. La détection peut se faire soit de manière qualitative (screening 0 ), soit de manière quantitative (mesure du taux précis). La durée de positivité dépend du type de consommation et du test, elle est présentée dans le tableau ci-dessous :
test | Durée de présence |
---|---|
sanguin | Quelques heures (moins de 24 heures) |
Urine |
usage occasionnel : 2 à 4 jours usage intensif et quotidien pendant plusieurs mois : 10 à 14 jours |
C ) Diagnostic différentiel
Autres addictions. Voir les fiches OD :
– syndrome d’intoxication aigüe
– syndrome de sevrage
3) Evolution 1
- Complications non psychiatriques
AtteinteS | Complications |
---|---|
Cardiovasculaire | – Syndrome coronarien aigu – Troubles du rythme – Dysfonction ventriculaire gauche – Dissection aortique – Thromboses artérielles et veineuses |
Neurologique | – AVC ischémique ou hémorragique – Crises convulsives |
Troubles cognitifs | Aigu : amélioration artificielle des capacités cognitives Chronique : – Troubles de l’attention (attention soutenue, partagée, focale), mnésique, des fonctions exécutives (prise de décision, inhibition de réponse) – Atrophie des régions préfrontales et temporales |
Pulmonaire | – Bronchospasme – Pneumothorax – Hémorragies – Syndrome respiratoire aigu après inhalation de crack ou free base (crack lung) |
ORL (si voie nasale) | – Lésions de la cloison nasale et du palais – Infections naso-sinusiennes |
Infectieuse (si voie IV 0) | – Infections virales (VIH, VHB, VHC) – Infections bactériennes (abcès locaux, endocardites, pneumopathies, bactériémies) – IST |
Association cocaïne-alcool | – Augmentation de l’envie de consommer – Sur risque de SCA, arythmie, cardiomyopathie, AVC – Augmentation des accidents de la route |
Grossesse | – RCIU, infarctus placentaire – HRP, hydramnios, rupture prématurée des membranes, hypotrophie néonatale 0 – Sd de sevrage des nouveau-nés (crack-babies) |
- Complications neuropsychiatriques
Episode dépressif caractérisé
Tentatives de suicide
Episodes délirants aigus induits (pharmacopsychose)
Attaques de panique induites
Paranoïa induites
Syndrome de recherche compulsive de crack
Autres addictions (les usagers tentent souvent de compenser les symptômes de « descente » en consommant d’autres psychotropes)
4) PEC 1
A ) Bilan
Bilan de la dépendance : histoire, parcours de soins, co-dépendances (en particulier la consommation d’alcool qui est un FdR de reprise de consommation de cocaïne)
Bilan des complications psychiatriques ou non
B ) Traitement
- Mesures générales
– PEC adaptée au patient et à ses attentes
– Entretiens motivationnels, psychothérapies
– PEC individuelle ou en groupe, suivi au long cours en centre spécialisé
⇒ Une hospitalisation peut être requise en cas de co-addiction ou de comorbidités
- Traitement (symptomatique) de l’intoxication aigüe
Modalités : Pas d’antidote spécifique
– Hospitalisation en réanimation
– Voie Veineuse Périphérique : macromolécules puis G5% + NaCl et KCl
– Surveillance : scope, FC, FR, conscience, saturation en 02, température
- Traitement (symptomatique) du syndrome de sevrage
– Eviter l’usage de BZD
– Aucun traitement n’a d’AMM dans le traitement de l’usage nocif, de la dépendance, ou la prévention de reprise de consommation.
C ) Prévention
Elle est identique quelque soit le type de drogue. (Cf. Fiche addictions aux opiacés.)
5 réponses à “Cocaïne : mésusage et addiction”
Ca ressemble beaucoup à l’amphétamine. Pas de notion de physiopath ici… Idem amphétamine ?
En cas de SCA induit par la cocaine : traitement par 10-40mg de diazépame i.v. supplémentaire (source : bouquin d’addicto)
Tout un dossier (associatif) sur la cocaine
https://vih.org/wp-content/uploads/2014/03/swaps_70.pdf
Parmi les infos, l’article Symptômes psychotiques transitoires induits par la cocaïne :
« Parmi les patients interrogés (105), 86 % expriment avoir déjà éprouvé au moins l’un de ces symptômes psychotiques après une consommation de cocaïne. Ainsi, 42 % déclaraient avoir déjà eu des hallucinations auditives, 55 % des idées de persécution, 25 % un automatisme mental, 41 % une hétéro-agressivité dans un contexte délirant, 58 % des com- portements stéréotypés s’approchant des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) [recherche compulsive de produit, vérification, rituels]. »
Il est indiqué ici que les BZD sont à éviter pour le sevrage. Que pouvons-nous proposer alors ? Je pense que ne rien proposer du tout, au moins dans un premier temps, est contre-productif
Bonjour,
merci pour votre commentaire. Le risque est d‘induire une dépendance à un nouveau produit.
Dans le service de psychiatrie où j‘ai travaillé, il donne des neuroleptiques pour tout syndrome de sevrage de drogue, par exemple du pipamperone 20-40mg 3x/j, hors AMM…
Après, contrairement à l‘alcool ou les BZD, le sevrage ne comporte aucun risque. Donc on peut aussi expliquer au patient que „c‘est normal et que ça va passer, mais c‘est dur la vie !“