Psy
Fiche réalisée selon le plan MGS
Item ECNi 76
Déf : Tout usage d’amphétamine est considéré comme un mésusage. L’addiction aux amphétamines répond à des critères spécifiques. (cf. fiche addictions).
Type et présentation : Le groupe des amphétamines regroupe 3 molécules différentes : l’amphétamine, la méthamphéatmine et la MDMA. C’est une famille de molécules de synthèse existant sous différentes présentations, selon le type de molécule :
– Amphétamine (speed, pilule, peanut) : comprimés ou poudre à sniffer ou injecter.
– Méthamphétamine (speed, meth, ice, tina, yaba) : cristaux à inhaler, comprimés ou poudre.
– MDMA (méthylène dioxy méthamphétamine) : ecstasy.
(plus rarement pour tous : absorption sur papier buvard, ou présentation liquide)
Physiopathologie : Les amphétamines sont de puissants inhibiteurs de recapture de la dopamine, la sérotonine et la noradrénaline. Elles ont également des effets pro-glutamatergique.
Epidémiologie : données européennes,
– 13 millions d’européens ont expérimenté, 1ère consommation à 19 ans en moyenne
– Prévalence = 0,26% en population générale, 1 à 10% des jeunes selon les pays
– Age moyen d’entrée en traitement = 28 ans (71 % d’hommes)
Le diagnostic d’addiction repose sur les critères spécifiques du CIM10
Clinique | PARACLINIQUE |
---|---|
Interrogatoire Syndrome d’intoxication aigue (euphorie, syndrome sérotoninergique) Syndrome de sevrage (humeur dysphorique) |
Test sanguin ou urinaire |
A ) Clinique
Comme pour toute addiction, on retrouve :
– des symptômes comportementaux
– une répercussion sociale et/ou médical
– des symptômes pharmacologiques (sevrage)
- Signes d’intoxication aigüe :
Effets neuropsy : euphorisants et stimulants ++
– Sensation de bien-être
– Confiance en soi, concentration, pensée accrues
– Augmentation du désir sexuel (pillule de l’amour 0)
Effets végétatifs
– Augmentation de la TA et de la FC
– Dilatation des bronches et augmentation de la FR
Méthamphétamine : Effet rapide, puissant et durable
MDMA : délai d’action de 30-120min
Overdose : Syndrome d’intoxication aigüe aux amphétamines. Il s’agit d’une urgence !
Ce syndrome résulte de l’augmentation massive de la transmission monoaminergique (dopamine, noradrénaline, sérotonine). Le tableau est celui d’un syndrome sérotoninergique avec risque d’hyperthermie maligne, source de décès.
>> Manifestations centrales : hyperthermie, agitation, confusion, crise épileptique, coma, mydriase avec RPM conservés, sueurs profuses
>> Manifestations périphériques : tachycardie, hypertension, sudation, vasoconstriction périphérique, rhabdomyolyse, nausées, vomissements
- Signes d’intoxication chronique
On retrouve les signes relatifs aux complications. Les principaux signes cliniques visibles sont :
Signes neuropsychiques
– Anorexie
– Dyssomnie
– Symptômes anxieux, dépressif et émotionnels variables, sans épisode caractérisé
– Symptômes psychotiques transitoires : hallucinations, idées délirantes, troubles du comportement
Autres signes
– Lésions d’organe : reins, estomac, intestins
– Œdèmes pulmonaires
– Troubles du rythme, lésions cardiaques
– Affaiblissement du système immunitaire
- Syndrome de sevrage
Les symptômes apparaissent quelques jours après l’arrêt et peuvent durer plusieurs semaines, surtout pour les consommations IV et inhalées :
– Humeur dysphorique
– Asthénie
– Troubles du sommeil
– Troubles de la concentration
– ± Evolution en véritable épisode dépressif caractérisé
B ) Diagnostic paraclinique 2
Le diagnostic d’addiction est clinique.
Une consommation aigüe (+/- récente) peut être détectée par un test sanguin ou urinaire. La détection peut se faire soit de manière qualitative (screening 0 ), soit de manière quantitative (mesure du taux précis). La durée de positivité dépend du type de consommation et du test, elle est présenté dans le tableau ci-dessous :
Test | Durée de présence |
---|---|
Sanguin | 2-4 jours |
Urinaire |
2-4 jours |
C ) Diagnostic différentiel 0
Autres addictions. Voir les fiches OD :
– syndrome d’intoxication aigüe
– syndrome de sevrage
- Complications non psychiatriques
Atteintes | Complications |
---|---|
Cardiovasculaire | – Syndrome coronarien aigu – Urgence hypertensive (± dissection aortique) – Troubles du rythme – OAP – Cardiomyopathies |
Neurologique | – AVC ischémique ou hémorragique – Manifestations extrapyramidales (tremor, mouvements choréiformes, hyperréflexie, bruxisme, trismus) |
Vasculaires | – Insuffisance rénale aiguë (rhabdomyolyse) – Ischémie intestinale aiguë (colite ischémique) – CIVD – Hépatotoxicité avec insuff. hépatique aiguë – Vascularites nécrosantes – Hypertension pulmonaire (si abus chronique) |
Cutanéomuqueuses | Lésions dermato, ORL et odontologiques avec la méthamphétamine |
Infectieuse | – Infections virales (VIH, VHB, VHC) Infections bactériennes (abcès locaux, endocardites, pneumopathies, bactériémies) – IST |
- Complications neuropsychiatriques
– Episodes dépressifs caractérisés
– Tentatives de suicide
– Episodes délirants aigus induits (pharmacopsychose)
– Attaques de panique induites
– Troubles cognitifs
– Troubles de l’humeur
– Troubles anxieux
A ) Bilan
Bilan de la dépendance : histoire, parcours de soins, co-dépendances
Bilan des complications psychiatriques ou non
B ) Traitement
- Mesures générales :
– PEC adaptée au patient et à ses attentes
– Entretiens motivationnels, psychothérapies
– PEC individuelle ou en groupe, suivi au long cours en centre spécialisé
⇒ Une hospitalisation peut être requise en cas de co-addiction ou de comorbidité.
- Traitement (symptomatique) de l’intoxication aigüe :
Modalités : Pas d’antidote spécifique
– Hospitalisation en réanimation
– Voie Veineuse Périphérique : macromolécules puis G5% + NaCl et KCl
– Surveillance : scope, FC, FR, conscience, saturation en 02, température
- Traitement (symptomatique) du syndrome de sevrage :
– Neuroleptiques sédatifs, antipsychotiques.
– Eviter l’usage de benzodiazépines.
– Aucun traitement n’a d’AMM dans le traitement de l’usage nocif et de la dépendance.
C ) Prévention
Elle est identique quelque soit la drogue. (Cf. Addiction aux opiacés)
2 réponses à “Amphétamine : mésusage et addiction”
Les lésions dermato pour la métamphétamine sont secondaire à la sécrétion d’histamine et du prurit qui en découle. Elles touchent de préférence le visage, sous forme d’excoriation ronde. Les lésions guérissent en cas de sévrage… et réapparaissent très vite en cas de rechute !!
Le nystagmus n’apparait pas pour la métamphétamine dans cet article : Ocular manifestations of drug and alcohol abuse https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4545665/