1) Généralité 1
A) Définitions
Addiction : « Processus par lequel un comportement, pouvant permettre à la fois une production de plaisir et d’écarter ou d’atténuer un malaise interne, est employé d’une façon caractérisée par l’impossibilité répétée de contrôler ce comportement et sa poursuite en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives »
Non usage : Absence de consommation de substances psychoactives.
Usage simple : Consommation usuelle d’une substance sans caractère pathologique. Il est modulable en fonction de l’environnement, des besoins ou envies, des effets négatifs, de la disponibilité de la substance. L’usage simple est définit uniquement pour l’alcool.
Mésusage : Consommation exposant à des risques (usage à risque) et/ou des dommages (usage nocif) et/ou une dépendance. Tout usage de substance psychoactive (sauf alcool et médicament) est un mésusage.
> Usage à risque : Le niveau de consommation expose à des risques de complications aiguës ou chroniques, lesquelles ne sont pas encore présentes (elles ne le seront peut-être jamais).
⇒ L’usage à risque correspond à un facteur de risque plus qu’à un trouble, ce n’est pas un diagnostic CIM-10 contrairement aux deux autres mésusages.
> Usage nocif : Consommation répétée à l’origine de dommages sociaux ou médicaux pour le sujet ou son entourage.
> Dépendance : Impossibilité de s’abstenir de consommer (perte de contrôle) 1d’un point de vue neurobiologique, cf commentaire.
B) Types d’addiction
Addictions liées à l’usage de substances psychoactives :
– Tabac
– Alcool
– Drogues : cocaine, cannabis, opiacés, amphétamine, kétamine, GHB/GHL, cathinone, substances hallucinogènes
– Médicaments : benzodiazépine, « coupe-faim », opiacé
– Dopage
Addictions comportementales :
– Jeu pathologique
– Achats compulsifs
– Addiction sexuelle
– Addiction aux jeux vidéo sur internet
– Addiction à l’exercice physique
Autre pathologie parfois liée aux addictions 0
– Troubles du comportement alimentaire
C) Physiopathologie
Physiopathologie commune à toutes les addictions : perturbation du système dopaminergique de récompense, et des autres systèmes de neurotransmission (GABA, glutamate, sérotonine, noradrénergique, opioïdes)
« Etio » : multifactorielle « bio-psycho-sociale »
– Facteurs génétiques (40 à 60% d’héritabilité dans les tableaux addictifs)
– Comorbidités psychiatriques, addictives
– FdR individuels : début précoce, traumatismes physiques ou psychiques, violence, personnalité impulsive ou antisociale, âge, sexe…
– FdR environnementaux : coût / disponibilité du comportement (MMORPG ++ 2massively multiplayer online role-playing game = jeu de rôle en ligne massivement multijoueur style world of warcraft), comportement des pairs, milieu parental
Note : chez l’enfant, notion de « adverse childhood experiences » 0
2) Diagnostic 1
A) Clinique
De manière générale, on retrouve pour chaque trouble addictif des symptômes comportementaux avec répercussion sociale / médical, auxquels s’ajoutent des symptômes pharmacologiques propres aux troubles liés à l’usage de substances.
Symptômes comportementaux :
– Perte de contrôle progressive
– Impossibilité croissante d’arrêter/ de réduire le comportement
– Envie irrépressible de répéter le comportement (craving)
Répercussions sociales et/ou médicales :
– Social : isolement, marginalisation, stigmatisation, perte d’emploi, séparation, problèmes financiers etc.
– Médical : Selon le trouble.
Symptômes pharmacologiques : (uniquement dans les troubles liés à l’usage de substances)
– Tolérance : Perte d’effets à même dose et nécessité d’augmenter les doses pour obtenir le même effet.
– Sevrage : Selon la classe pharmacologique.
B) Critères diagnostiques
Le diagnostic est posé selon des critères précis. Il existe 3 différents cadres nosologiques utilisés par le collège de Psychiatrie :
– les critères d’Aviel Goodman : utilisé pour définir les achats compulsifs et les addictions sexuelles, aux jeux vidéo sur internet et à l’exercice physique
– le CIM-10 : utilisé pour définir la dépendance aux substances psychoactives
– le DSM-5 : utilisé pour définir le jeu pathologique
3) PEC 1
A) Objectifs
3 principes :
– laisser au maximum le sujet fixer lui-même ses objectifs (afin de maintenir au maximum le lien thérapeutique avec lui)
– atteindre un arrêt durable du mésusage, soit un non-usage (terme à préférer à « abstinence », connoté moralement) soit un usage simple (pour l’alcool).
– réduction partielle de consommation (stratégie qui vise à réduire les dommages médicaux et sociaux d’un mésusage) : constitue une étape dans le parcours de soins du patient.
B ) Prévention
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Types de prévention
Prévention primaire : Eviter la première consommation de substances psychoactives ou la retarder et agir sur les consommations précoces.
Prévention secondaire: Eviter le passage à une dépendance.
Prévention tertiaire : Prévenir les risques et réduire les dommages liés à la consommation.
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Tests de dépistage 0
Benzodiazépines : Test ECAB
Opiacés (codéine, tramadol, poudre d’opium, morphine, oxycodone, fentanyl, hydromorphone) : Test de dépendance opiacés, Evaluation du risque de mésusage des opioïdes avant prescription : test ORT
Drogues : Test DAST, Test CRAFFT ado
Comportementales : Internet IAT, Facebook Addiction scale, Jeux de hasard et d’argent, Lie Bet, Jeux d’argent ICJE, Sexuelle : test de Carnes, Anorexie Boulimie Test Scoff
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Structures de prévention
En milieu scolaire, professionnel, festif etc.
CSAPA (Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) : équipes pluridisciplinaires, PEC des troubles liés à l’usage de substances et des addictions comportementales.
CAARUD (Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues) : PEC des troubles liés aux substances illicites
CJC (Consultations jeunes consommateurs) : PEC des mineurs ou jeunes adultes majeurs pour les troubles liés à l’usage de substance ou des addictions comportementales
C ) Structures de PEC hospitalière
Il existe plusieurs structures :
– Consultations d’addictologie
– ELSA (Equipes hospitalières de liaison et de soins en addictologie)
– Structures d’hospitalisation de niveau I, II ou III
– SSRA (Soins de suite et de réadaptation addictologique)
Structures de proximité (niveau I) | Structures de recours (niveau II) | Structures hospitalo-universitaires (niveau III) |
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Possibilité de sevrages simples
Consultation addictologie + ELSA ± lits d’hospitalisation |
Possibilité de sevrages et soins résidentiels complexes
Consultation addictologie + ELSA + HDJ et hospitalisation résidentielle |
Centre régional de ressources et de formation, lieu de recherche |
3 réponses à “Addiction : vue d‘ensemble”
Les termes addiction et dépendance sont proches.
Une différence entre les 2 termes est indiquée ici : https://www.frcneurodon.org/comprendre-le-cerveau/le-cerveau-malade-et-ses-maladies-neurologiques/les-addictions/?cn-reloaded=1
“La dépendance est due à un déséquilibre du fonctionnement neurobiologique
L’addiction, quant à elle, définit l’incapacité pour l’individu de s’empêcher de consommer la substance”
La sévérité d’une dépendance (aux drogues) peut s’évaluer par le questionnaire très simple « severity od dependence scale »
La liste des tests de dépistage a été reprise depuis cette page : https://www.prevenclic.fr/index-0-27-3
Le site test-addicto est cependant indisponible en ce moment…