1) Généralités 1
Déf : helminthose due à un nématode : Strongyloides stercoralis.
Physiopathologie
– Adultes et larves enchâssés dans la muqueuse duodénale ⇒ phénomènes inflammatoires peu douloureux et troubles du transit.
– Migration des larves ⇒ manifestations cutanées allergiques (larva currens, urticaire)
– Immunodépression (acquise ou iatrogène) ⇒ dissémination massive de larves ⇒ anguillulose maligne.
Épidémiologie
– Répartition géographique
. pays tropicaux et subtropicaux
. sud de l’Europe (Italie, Espagne)
. France : cas importés ++ (Antilles, Réunion, etc.) ou autochtones
– Mode de transmission
. transmission transcutanée par la larve strongyloïde lors d’une marche pied nu
. auto-infection possible.
Parasitologie
Agent pathogène
> Ver adulte
– femelle seule connue chez l’Homme (dite pathénogénétique de S. stercoralis)
– ver rond et blanchâtre vivant enchâssé dans la muqueuse duodéno-jéjunale
– dimensions : 2-3 mm par 35-40 μm
> Larves
– larves rhabditoïdes non infectantes
. double renflement œsophagien, retrouvées dans les selles
. L = 300 μm
– larves strongyloïdes infectantes
. œsophage rectiligne et queue bifide
. L = 500 μm
. ils sont capables de pénétrer à travers la muqueuse du tube digestif ou de la marge anale sans passage par le milieu extérieur
Cycle évolutif
Le cycle évolutif de Strongyloides stercoralis fait appel à deux modes de reproduction : le mode pathénogénétique (chez l’Homme) et le mode sexué (dans le milieu extérieur)
Trois modalités sont donc observées :
> Le cycle long externe sexué
– Contamination de l’Homme par la larve strongyloïde
– Elle gagne le poumon par voie lymphatique ou sanguine et traverse la paroi de l’alvéole pulmonaire pour gagner les bronches puis la trachée
– Là, elle est déglutie et gagne l’intestin grêle où elle devient une femelle adulte pathénogénétique qui s’enfonce dans la muqueuse et y pond ses œufs
– Les œufs éclosent dans la muqueuse intestinale et les premières larves rhabditoïdes apparaissent dans les selles 27 jours après la contamination
– Une température du sol > 20°C favorise la transformation des larves rhabditoïdes émises dans les selles en adultes libres stercoraux capables de fécondation
– Dans le milieu extérieur, les œufs pondus libèrent des larves rhabditoïdes de seconde génération qui sont capables de devenir des larves strongyloïdes infestantes (cycle stercoral)
> Le cycle court externe asexué
Les larves rhabditoïdes peuvent dans certaines conditions extérieures se transformer directement en strongyloïdes infestantes.
> Le cycle direct endogène ou d’auto-infection
Il arrive que lors du transit intestinal certaines larves rhabditoïdes se transforment en larves strongyloïdes infestantes directement dans l’intestin du sujet contaminé.
2) Diagnostic 1
Clinique | Paraclinique |
---|---|
asymptomatique ++ douleurs épigastriques et épisodes diarrhéiques |
forme habituelle : examen parasitologique spécifique des selles forme maligne : mise en évidence des larves strongyloïdes dans les liquides biologiques |
A ) Clinique
-
Forme habituelle
Asymptomatique ++
Phase d’invasion
– peu ou pas symptomatique
– syndrome de Löffler
Phase de migration
– signes cutanés allergiques, inconstants
. dermatite linéaire rampante (larva currens) d’une dizaine de cm, avec prurit, se déplaçant rapidement avant de disparaître spontanément (peut récidiver à un rythme ± régulier lors du cycle endogène)
. la dermatite peut prendre la forme d’un urticaire
– signes pulmonaires
. rares
. toux sèche
. crises d’asthmes
Phase d’état : douleurs épigastriques et épisodes diarrhéiques
-
Forme maligne
– Terrain immunodéprimé
. iatrogène : corticothérapie à dose élevée et prolongée
. retroviroses (HTLV-1 par ex)
. débilités : malnutrition, cachexie, etc.)
– Infections profondes à BG – ou anaérobies transloqués par les larves qui pullulent
B ) Paraclinique
Forme habituelle
NFS : hyperéosinophilie ± élevé évoluant en ondulation irrégulière
Examen parasitologique spécifique des selles : découverte de larves de Strongyloides stercoralis dans les selles fraîchement émises
. méthode de Baermann ++ : extraction des larves attirées par l’eau et la chaleur
. coproculture parasitaire
Forme maligne
– mise en évidence des larves strongyloïdes en abondance ++ dans les produits biologiques
. liquide gastrique
. liquide cérébro-spinal
. liquide de lavage bronchiolo-alvéolaire
. etc.
C ) Diagnostic différentiel
Pas de données relatives au diagnostic différentiel dans le référentiel.
3) Evolution 1
A) Histoire naturelle
– Forme habituelle : en absence de traitement, la maladie peut évoluer sur plusieurs dizaines d’années avant une découverte fortuite.
– Formes malignes : elles sont le plus souvent mortelles. Elles aboutissent à des complications.
B) Complications
– Septicémies
– Infections méningées, pulmonaires etc.
4) PEC 1
A ) Traitement
– Ivermectine (Stromectol ®)
. 200 μg/kg chez l’adulte, en prise unique
. administration prolongée si forme disséminée
– Albendazole (Zentel ®)
. moins efficace
. 15 mg/kg/jour pendant 3 jours
B ) Prévention
Prévention primaire
– Lutte contre le péril fécal
. amélioration de l’hygiène
. éducation sanitaire
– Assainissement
. élimination des déjections humanitaires et des eaux usées
– Assèchement des collections d’eau stagnante
– Port de chaussures
– Education de tout sujets amené à voyager dans une zone endémique sur le risque spécifique lié à la parasitose
Prévention secondaire
– Traitement des sujets porteurs
– Traitement préventifs des sujets en zone endémique avant toute corticothérapie (surtout si hyperéosinophilie, même modérée)