1) Généralités 1A
Déf : l’attaque de panique (AP) = crise d’angoisse aiguë est un épisode aigu d’anxiété, bien délimité dans le temps, isolé ou secondaire à un trouble psychiatrique (dont le trouble panique défini par la répétition des AP).
Physiopathologie : certaines sensations peuvent s’expliquer par l’hyperventilation (signes d’hypocapnie : vertiges, paresthésies). Des facteurs biologiques sont connus comme susceptibles de provoquer des AP : cholécystokinine, lactate de sodium.
Au niveau cognitif, différents facteurs peuvent venir renforcer les cognitions catastrophistes (auto-renforcement par les signes physiques, inquiétudes de l’entourage), voir aussi la physiopathologie du trouble panique.
Epidémiologie
– Prévalence vie entière = 3-5 %
– Prédominance chez la femme jeune, sex-ratio = 2
2) Diagnostic 1A
Clinique | Paraclinique |
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Signes physiques, psychiques et comportementaux bien délimités dans le temps, d’apparition rapide | – |
A ) Clinique
-
Sémiologie
L’anamnèse de l’AP est caractéristique : le début est brutal avec intensité maximale atteinte en quelques minutes voire secondes, et une décroissance progressive avec soulagement et parfois asthénie post-critique. Les signes sont bien délimités dans le temps, l’AP dure en moyenne 20-30 minutes.
Signes physiques variables selon les patients
– Respiratoires ++ : dyspnée, sensation d’étouffement, blocage respiratoire ± hyperventilation
– CV : tachycardie, palpitations, oppression thoracique voire véritables douleurs
– Neurovégétatifs : sueurs, tremblements, pâleur, érythème facial, sensation d’étourdissement ou de vertige
– Digestifs : douleurs abdominales, nausée / vomissements, diarrhée
– Autres : pollakiurie, tremblements, impression de paralysie…
Signes psychiques
– Cognition catastrophiste = peur intense sans objet, sensation de perte de contrôle
– Pensées centrées sur la peur de mourir, de devenir fou
– ± Signes de dépersonnalisation et de déréalisation
Signes comportementaux
– Agitation psychomotrice
– Plus rarement inhibition, jusqu’à la sidération
– Passage à l’acte auto-agressif (exceptionnel)
-
Critères diagnostiques (DSM-5)
Une période bien délimitée de crainte ou de malaise intense, dans laquelle ≥ 4 des 13 symptômes suivants sont survenus de façon brutale et ont atteint leur acmé en moins de 10 minutes :
– Palpitations, battements de cœur ou accélération du rythme cardiaque.
– Transpiration.
– Tremblements ou secousses musculaires.
– Sensations de « souffle coupé » ou impression d’étouffement.
– Sensation d’étranglement.
– Douleur ou gêne thoracique.
– Nausée ou gêne abdominale.
– Sensation de vertige, d’instabilité, de tête vide ou impression d’évanouissement.
– Déréalisation (sentiment d’irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi).
– Peur de perdre le contrôle ou de devenir fou.
– Peur de mourir.
– Paresthésies (sensations d’engourdissement ou de picotements).
– Frissons ou bouffées de chaleur.
Le DSM-5 propose également de distinguer les AP ‘attendues’ et ‘non-attendues’
– Non-attendues : sans facteur déclenchant, plus spécifique du trouble panique
– Attendues : facteur déclenchant (ex : stimulus phobique)
B ) Paraclinique
Le diagnostic d’AP est purement clinique.
C ) Diagnostic différentiel
Pathologies non-psychiatriques
– CV : SCA, poussée d’insuffisance cardiaque, HTA, troubles du rythme…
– Respiratoires : asthme, EP…
– Neurologiques : épilepsie, crise migraineuse, AIT…
– Endocriniennes : hypoglycémie, phéochromocytome, hyperthyroïdie, Cushing, hypoparathyroïdie…
Intoxications par une substance psychoactive
– Intoxication aiguë : alcool, cannabis, cocaïne, ecstasy… (attention, certaines sont aussi pourvoyeuses de véritables AP, elles prennent alors le rôle de facteur déclenchant)
– Iatrogénie : corticoïdes, hormones thyroïdiennes…
– Sevrage : alcool, BZD…
3) Evolution 1A
Un épisode d’AP réactionnel à un stress identifié (« AP attendue ») peut rester unique et isolé. La répétition des AP avec apparition d’une anxiété anticipatoire caractérise le trouble panique.
L’AP peut également survenir dans d’autres pathologies psychiatriques : phobie simple, phobie sociale, trouble stress post-traumatique, ou à l’acmé de ruminations anxieuses ou dépressives (TAG, épisode dépressif caractérisé).
4) PEC 1A
A ) Bilan initial
Après avoir éliminé les différentiels (non-psychiatriques et substances psychoactives ++), on peut retenir le diagnostic d’AP, s’intégrant ou non dans le cadre d’un trouble psychiatrique.B ) Traitement
Le traitement d’une AP isolée est habituellement ambulatoire. Une hospitalisation est cependant envisagée en cas de comorbidités lourdes (risque suicidaire élevé, épisode dépressif caractérisé d’intensité sévère…).
> Traitement non-pharmacologique
Mise en condition : installation au calme, attitude empathique
Réassurance, information
Mesures de contrôle respiratoire (focalise l’attention du patient, limite l’hyperventilation)
> ± Traitement pharmacologique : anxiolyse par BZD PO notamment si l’AP se prolonge
> PEC à distance
AP isolée : apprendre à reconnaître l’AP en cas de récidive, RHD (sommeil, diminution des psychostimulants…)
AP dans le cadre d’une pathologie psychiatrique : PEC de la pathologie sous-jacente