Psychiatrie
Fiche réalisée selon le plan MGS
Item ECNi 178
Déf : le syndrome d’épuisement professionnel (= burnout) est un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel.
Ce trouble se rapproche de situations non-spécifiques telles que la souffrance au travail ou les effets de stress liés au travail, il n’est pas considéré comme une maladie dans les classifications actuelles (CIM-10 et DSM-5).
Physiopathologie : le sd d’épuisement professionnel est un processus de dégradation du rapport subjectif au travail à travers 3 dimensions
– Epuisement émotionnel
– Cynisme vis-à-vis du travail ou dépersonnalisation (déshumanisation, indifférence)
– Diminution de l’accomplissement au travail ou réduction de l’efficacité professionnelle
Epidémiologie : les FdR psycho-sociaux susceptibles de porter atteinte à la santé physique et mentale ont une prévalence croissance dans le milieu du travail. La souffrance psychique causée ou aggravée par le travail est le 2e groupe d’affections d’origine professionnel en France après les affections de l’appareil locomoteur.
Les professionnels de santé en activité ou en formation sont une population à risque d’épuisement professionnel particulièrement élevé, en lien notamment avec certains facteurs ± spécifiques (image du soignant infaillible, dispositifs de soins complexes et évolutifs, tension démographique…).
Clinique | Paraclinique |
---|---|
FdR psycho-sociaux et individuels Manifestations individuelles Manifestations dans l’entreprise |
– |
A ) Clinique
-
Terrain, FdR
FdR psycho-sociaux : 6 catégories
– Intensité et organisation du travail (surcharge, imprécision des missions, objectifs irréalistes…)
– Exigences émotionnelles importantes avec confrontation à la souffrance, la mort, dissonance émotionnelle
– Autonomie et marge de manoeuvre
– Relations dans le travail (conflits, manque de soutien du collectif, management délétère…)
– Conflits de valeurs
– Insécurité de l’emploi
Note : l’existence de ressources dans le travail est protectrice (soutien social, stabilité du statut, collectif de travail vivant, moyens techniques, matériels et humains suffisants).
FdR individuels : ne doivent jamais constituer un élément de sélection des travailleurs ni exonérer la responsabilité des FdR environnementaux au travail !
– Evénements de vie, qualité du support social, rapport au travail
– ATCD personnels, pathologie sous-jacente : trouble de l’adaptation, trouble anxieux, trouble dépressif, trouble stress post-traumatique
-
Manifestations individuelles et collectives
Manifestations individuelles (non-exhaustif) : installation insidieuse, en rupture avec l’état antérieur
– Emotionnelles : anxiété, tension musculaire, humeur triste / manque d’entrain, irritabilité, hypersensibilité, absence d’émotion
– Cognitives : troubles de la mémoire, de l’attention, des fonctions exécutives
– Comportementales / interpersonnelles : repli sur soi, isolement social, agressivité, violence, diminution de l’empathie, addiction…
– Motivationnelles / d’attitude : désengagement, baisse de motivation et du moral, effritement des valeurs associées au travail, doutes sur ses propres compétences
– Physiques non-spécifiques : asthénie, troubles du sommeil, troubles musculo-squalettiques, crampes, céphalées, vertiges, anorexie, troubles gastro-intestinaux
Différents questionnaires (MBI, CBI, autres) sont disponibles, il ne sont pas construits comme des instruments d’évaluation individuelle mais peuvent servir d’outil pour guider un entretien avec le patient.
Les manifestations collectives doivent conduire à un repérage collectif par l’équipe de santé au travail
– Fonctionnement de la structure : absentéisme, turn-over fréquent, mouvements du personnel, qualité de l’activité et des relations sociales
– Santé / sécurité des travailleurs : AT, MP, visites médicales spontanées, inaptitudes
B ) Paraclinique
Le diagnostic de syndrome d’épuisement professionnel est uniquement clinique.
C ) Diagnostic différentiel
Risque suicidaire
A ) Bilan
Bilan de gravité : évaluation du risque suicidaire
Bilan somatique à la recherche d’une pathologie associée (non-développé dans la source)
B ) Traitement
Prise en charge initiale : médico-socio-professionnelle et psychologique
– Arrêt de travail le plus souvent, de durée adaptée à l’évolution du trouble / au contexte
– Prendre contact avec le médecin du travail en vue d’une analyse du poste et des conditions de travail, ± évaluation psychiatrique
– Interventions psychothérapeutiques et psychocorporelles
– ± Antidépresseurs uniquement dans les indications habituelles (trouble anxieux / dépressif)
Accompagnement du retour au travail
– Visite de pré-reprise (à l’initiative du patient, du MT ou médecin-conseil des organismes de sécurité sociale) à tout moment, obligatoire en cas d’arrêt de travail > 3 mois
– ± Aménagement / adaptation de poste, pistes de reclassement / formations professionnelles