Oncologie – Santé publique
Fiche réalisée sans plan prédéfini
Items ECNi 287, 288 et 290
> Définitions
Tumeur = néoplasie
Cancer = tumeur maligne
Dysplasie (épithéliale acquise = néoplasie intra-épithéliale) : altérations morphologiques témoignant de l’existence d’un processus néoplasique à un stade précoce, non-invasif. On décrit des anomalies architecturales (retard de différentiation, désordre architectural…), cytologiques (mitoses, anomalies nucléaires), en l’absence d’invasion (MB intacte).
Transformation inconstante et dans un délai très variable en cellules cancéreuses, plus fréquente pour des dysplasies de haut grade
Dysplasie (constitutionnelle) : toute lésion résultant d’une anomalie de développement d’un tissu, organe ou partie de l’organisme
Hamartome : mélange anormal de cellules normalement présentes dans l’organe où elles se développent
Hyperplasie : augmentation de la masse d’un organe (ou d’une de ses parties) par augmentation du nombre de cellules, sans échappement aux mécanismes de régulation (non-tumoral)
Métaplasie : transformation de tissu normal en un autre tissu normal, de structure et fonctions différentes (non-tumoral, mais pouvant le devenir : séquence métaplasie / dysplasie / cancer)
Polype : toute formation en saillie à la surface d’une muqueuse bordant un organe creux, sans préjuger de sa nature (adénomateux, hyperplasique, hamartomateux, inflammatoire, cancérisé…)
> Classification : selon le tissu reproduit, et le caractère bénin / malin
Adénome : épithéliale glandulaire bénigne
Carcinome : épithéliale maligne (ADK, CHC, urothélial, neuroendocrine…)
– Carcinome in situ = néoplasie intra-épithéliale de haut grade : cancer non-invasif, stade 0
– Carcinome invasif : franchissement de la MB
Mélanome : prolifération maligne de mélanocytes
Papillome : épithélium malpighien ou urothélial, avec accentuation des papilles conjonctives
Sarcome : tumeur maligne conjonctive. Angio-sarcome = vasculaire, léiomyo- = musculaire lisse, ostéo-, chondro-, fibro-, synovialo-sarcomes (attention pas de différenciation synoviale)
2) Prélèvement histologique en cancérologie 1A
> Particularités des prélèvements de cellules et/ou de tissus
Prélèvement fixé au formol, sauf en cas de
– Demande d’un examen extemporané
– Demande de recherche de graisses dans le tissu
– Demande d’un examen en IFD (biopsie cutanée, rénale, typage d’amylose)
– Tumeur pédiatrique, suspicion de lymphome, sarcome (congélation à but sanitaire avant fixation)
Double lecture systématique pour : lymphomes, sarcomes, mésothéliomes, tumeurs endocrines rares
Examen extemporané (< 30 min) : ssi incidence sur la conduite de l’acte en cours
– Méthode : prélèvement envoyé frais sans fixateur, congélation si le prélèvement a une taille suffisante (vérification ultérieure par inclusion en paraffine du tissu restant)
– Applications : nature de la lésion, limites de résection, gg sentinelle
– Limites : moins précis et fiable qu’un examen anapath conventionnel.
> Données minimales
Facteurs histopronostiques
– Contingent non séminomateux pour un cancer du testicule
– Carcinome peu différencié pour un cancer du côlon
– Grade d’Elston et Ellis pour le cancer du sein
– Score de Gleason pour le cancer de la prostate
Stades d’un cancer : TNM (ou autre) selon chaque organe, pTNM si le stade est établi par anapath
Qualité de l’exérèse chirurgicale : limites de résection
– R0 : exérèse complète avec limites saines
– R1 : reliquat tumoral microscopique
– R2 : reliquat tumoral macroscopique
Facteurs prédictifs de réponse ou non-réponse à un traitement (« theranostic »)
– Expression de récepteurs hormonaux dans le cancer du sein (hormonothérapie?)
– Surexpression du récepteur HER-2 dans le cancer du sein (trastuzumab ?)
– Absence de mutation du gène KRAS dans le cancer du côlon (erlotinib ou gefitinib?)
– Expression PD-L1 (pembrolizumab ?) ou d’altération moléculaire ciblable (ITK ?) dans le cancer du poumon 0
– …
> Proportion des différents cancers en incidence et mortalité chez l’homme et la femme 2
Les données d’incidence du cancer de la prostate ne sont pas disponibles dans cette source. Avec > 50.000 cas en 2009, il se classerait 1er parmi les cancers incidents chez l’homme.
> Données d’épidémiologie globale 1B
Paramètre | Incidence | Mortalité |
---|---|---|
Origine des données | Réseau FRANCIM | CépiDC (Inserm) |
Valeur brute (Fr, 2012) | 355.000, dont 200.000 chez les hommes et 155.000 chez les femmes | 148.000, dont 85.000 chez les hommes et 63.000 chez les femmes 1ère cause de mortalité en France, 1/3 des décès chez l’homme, 1/4 chez la femme |
Valeur standardisée (/ 100k hab. / an, Fr) | 648 chez les hommes, 472 chez les femmes | 276 chez les hommes, 192 chez les femmes |
Valeur standardisée (/ 100k hab. / an, Monde) | 363 chez les hommes, 252 chez les femmes | 134 chez les hommes, 73 chez les femmes |
Evolution 1980-2012 | Taux brut X2 Taux standardisés stables depuis 2005 |
Taux brut +15 % Taux standardisés en diminution constante |
> Facteurs de risque 1B
Principaux FdR (hors causes héréditaires)
– Age +++, alcool, tabac
– Virus (> 30 % des cancers) : VHB, VHC, papillomavitus, H. Pylori, EBV…
– Expositions professionnelles (voir ci-dessous), obésité et sédentarité (2%)
– Traitements hormonaux de la ménopause ou contraceptifs, UV (1%)
– Caractéristiques de la vie reproductive de la femme (0,4%)
– Polluants (0,2%)
Les FdR professionnels reconnus et indemnisés en France sont listés dans le tableau suivant 1C. Ils représentent 4 à 8 % des cancers de l’adulte, mais seraient largement sous-estimés 1D.
Localisation tumorale | Agents ou sources d’exposition pro 1C | Surveillance post-exposition 1D |
---|---|---|
Peau (épithélioma) | Arsenic et composés minéraux, HAP 1D | |
Os (sarcome) | Rayonnements ionisants | |
Ethmoïde | Bois, nickel, chrome 1D |
Exposition aux poussières de bois cumulée > 1 an : nasofibroscopie tous les 2 ans à partir de 30 ans après le début de l’exposition |
Nasopharynx | Formaldéhyde 1D | |
Bronchopulmonaire | Silice cristalline, HAP, cadmium, cobalt 1D Amiante, dérivés du chrome, arsenic, nickel, oxydes de fer, bis-chlorométhyl-éther, chromate Rayonnements ionisants (inhalation) |
Surveillance « amiante » : Consultation pneumo et examen TDM sans injection – Exposition cumulée de niveau fort : tous les 5 ans à partir de 20 ans après le début de l’exposition – Exposition cumulée de niveau intermédiaire : tous les 10 ans à partir de 30 ans après le début de l’exposition Pas de Rx thoracique ou d’EFR systématique en l’absence de symptômes. |
Plèvre | Amiante (mésothéliome et autres) | |
Péricarde | Amiante (mésothéliome primitif) | |
Péritoine | Amiante (mésothéliome primitif) | |
Vessie | HAP 1D Benzidine et dérivés β-naphtylamine, dianisidine 4-nitro-diphényl |
Si emploi dans un secteur à risque élevé ou très élevé : cytologie urinaire tous les 6 mois à partir de 20 ans après le début de l’exposition |
Cerveau (glioblastome) | N-méthyl- et N-éthyl-N-nitrosoguanidine N-méthyl- et N-éthyl-N-nitrosourée |
|
Foie (angiosarcome) | Arsenic et dérivés Chlorure de vinyle |
|
Leucémie aiguë | Benzène Rayonnements ionisants |
Note 1D : les HAP (hydrocarbures amoratiques polycycliques), sont retrouvés dans les produits de houille, de suie, de charbon, les huiles anthracéniques, les bitumes, dans les fonderies de fer et d’acier, ou encore les peintures à étanchéifier.
Actuellement, le DO en population générale est proposé pour le cancer du sein, le cancer colo-rectal (CCR) et le cancer du col de l’utérus dans certains départements, PEC à 100 %.
Sein
– Indication : femmes asymptomatiques de 50 à 74 ans sans FdR particulier
– Examen clinique et mammographie des 2 seins (incidences F et oblique) tous les 2 ans
– Sensi = 65-90 %, Spéci = 95 %, 1-19 % de surdiagnostic parmi les cancers diagnostiqués
– 52 % de participation en 2012-2013
CCR
– Indication : population de 50 à 74 ans, à risque moyen de CCR (aucun FdR particulier)
– Tests immunologiques sur selles tous les 2 ans, coloscopie si positif
– 31 % de participation en 2012-2013
Cancer du col de l’utérus (expérimentations pilotes)
– Indication : femmes âgées de 25 à 65 ans n’ayant pas eu de FCU depuis > 3 ans
– Frottis cervico-utérin (FCU) tous les 3 ans ± recherche d’HPV oncogènes
– Sensi = 58 %, Spéci = 69 %