1) Généralités 1A
Déf : infection à Chlamydia, bactérie intracellulaire.
Mode de transmission 1B : transmission de muqueuse à muqueuse lors des rapports sexuels (Chlamydia trachomatis).
Epidémiologie
– Pathologie fréquente +++
. 50 fois fréquente que la gonococcie
. Prévalence estimée jusqu’à 10% dans les pays industrialisés (1ere cause d’IST dans ces pays)
. 1ere cause d’urétrite aiguë
– Pic d’incidence entre 15-34 ans (femme) ou 20-39 ans (homme)
– Portage asymptomatique ++
Bactérie 1B : Chlamydia = germes intracellulaires. Trois espèces :
– Chlamydia trachomatis (transmission : 15 sérovars (identifiables à la sérologie)
. D à K : infections génitales, périhépatiques, rhumatismes, infections néonatales
. A, B et C : responsables du trachome, une des premières causes de cécité dans le monde 0
. Les sérovars L1, L2, L3 provoquent la lymphogranulomatose vénérienne (LGV = maladie de Nicolas Favre) 0
– Chlamydia pneumoniae : responsable d’un nombre important de pneumopathies
– Chlamydia psittaci : responsable de zoonoses
Note : la présente fiche traitera uniquement des infections sexuellement transmissible à Chlamydia trachomatis.
2) Diagnostic 1A
Clinique | Paraclinique |
---|---|
urétrite (homme)/ cervicite (femme) puis infection génitale haute 1B | Amplification génique par PCR Culture |
A ) Clinique
-
Anamnèse
Facteur de risque 2
– multipartenariat (au moins deux partenaires dans l’année),
– changement de partenaire récent,
– individus ou partenaires diagnostiqués avec une autre IST (NG, syphilis, VIH, Mycoplasma genitalium),
– antécédents d’IST, HSH,
– personnes en situation de prostitution,
– personne ayant subi un viol.
-
Examen physique
Chez la femme
Infection génitale basse (cervicite) +++
– le plus souvent asymptomatique (50-90% des cas)
– Symptômes
. leucorrhées blanchâtres ou jaunâtres
. cystalgies
. syndrome urétral
. ± dyspareunie
– Signes physiques
. fragilité du col utérin
. ± sécrétions mucopurulentes
. ± ectropion friable et hémorragique
Infections génitales hautes 1B
– Endométrite : métrorragies minimes et intermittentes
– Salpingite aiguë : douleurs pelviennes associées à un syndrome infectieux (inconstant)
– Salpingite silencieuse : cause importante de stérilité
Chez l’homme : Incubation : quelques jours à quelques mois
Infection génitale basse (Urétrite) +++
– écoulement urétral clair, modéré et intermittent (< 50% des cas)
– urétrite purulente possible 1B
Infection génitale haute 1B : orchite, prostatite subaiguë ou chronique
B ) Paraclinique
Amplification génique par PCR
– examen clé pour le diagnostic
– plus sensible que la culture
Culture
– Prélèvement bactériologique
. chez l’homme (symptomatique ou non) : sur un 1er jet unrinaire (10-20 ml), au moins 2 heures après la dernière miction ;
. chez la femme symptomatique : sur un écouvillonnage d’endocol associé au mieux par un prélèvement au pourtour urétral lors d’un examen au spéculum, en réalisant un raclage de la muqueuse ;
. chez la femme asymptomatique : sur un écouvillonnage vulvovaginal (auto-prélèvement).
Sérologie : pas d’intérêt dans le diagnostic des infections à Chlamydia.
C ) Diagnostic différentiel
Autres infections sexuellement transmissibles (gonococcie ++)
3) Evolution
A) Histoire naturelle 1B
– Infection cervicale de courte durée chez la femme (période de contamination courte) ; chez l’homme en cas d’atteinte de la prostate, le sperme demeure contaminant pendant plusieurs années lors des rapports sexuels
– La bactérie peut atteindre par voie ascendante les voies génitales hautes (chez homme et femme)
– En absence de traitement ⇒ complications
– Sous traitement 80% des infections génitales basses, guérissent dans en 8 jours.
B) Complications 1A
Chez la femme
– D’abord : endométrite et salpingite (subaiguës ou chroniques) ;
– Ensuite : algies pelviennes inflammatoires, stérilité tubaire et grossesse extra-utérine
– Plus rarement : péri-hépatite (tableau de cholécystite alithiasique, diagnostic sous cœlioscopie)
Chez l’homme
– Complications locorégionales
. prostatite
. épididymite aiguë
Dans les deux sexes
– Syndrome oculo-uréthro-synovial
. polyarthrite aiguë ou subaiguë réactionnelle ;
. urétrite ;
. conjonctivite bilatérale ;
. balanite circinée
. kératodermie palmoplantaire psoriasiforme
– Kératoconjonctivite
. Arthrite
Chez le nouveau-né
– Kératoconjonctivite
– Pneumopathie
4) PEC 1A
A ) Bilan initial
RECHERCHE DES COMORBIDITÉS |
Sérologie VIH TPHA/VDRL Sérologie hépatite B |
B ) Traitement
-
Principes généraux
– Identifier le, la ou les partenaire(s) contaminé(e)s ou contaminateur (trice)s, et leur proposer un dépistage, un diagnostic ou un traitement probabiliste ;
– insister sur les risques de recontamination ;
– informer le patient qu’il ne doit pas avoir de rapports non protégés pendant la période du traitement ;
– éduquer le patient sur les IST
-
Traitement médicamenteux
Traitement des formes non compliquées
– Première intention : azithromycine (prise orale unique d’1g) ou doxycycline (100mg/12heures, per os, 7 jours)
– Deuxième intention : érythromycine (500 mg/6 heures, per os, 7 jours) ou ofloxacine (300 mg/12 heures, per os, 7 jours)
Femme enceinte : azithromycine (prise orale unique d’1g)
Orchiépididimyte : doxycycline (100mg/12 heures, 10 jours)
Nouveau-né :
– si pneumopathie ou ophtalmie : érythromycine (12,5 mg/kg/6 heures, per os ou IV, 14 jours)
Endométrite, salpingite : doxycycline 100 mg/12 heures, per os ou IV, 14 jours
C) Suivi
BILAN |
Formes non compliquées : PCR systématique entre 1-6 mois chez les femmes jeunes Femme enceinte : PCR systématique à 1 mois Endométrite, salpingite : PCR systématique à faire 2-3 mois après le traitement |
D) Prévention 1C
– Conseils et éducation quant à la prise de risques et à leur réduction et aux signes d’alertes qui doivent amener à consulter
– Dépistage opportuniste systématique des femmes sexuellement actives de 15-25 ans (inclus), y compris les femmes enceintes 2
– Dépistage opportuniste ciblé 2 :
. des hommes sexuellement actifs présentant des facteurs de risque, quelque soit l’âge
. des femmes sexuellement actives de plus de 25 ans présentant des facteurs de risque
. des femmes enceintes consultant pour une IVG, sans limite d’âge
– Utilisation des préservatifs masculin et féminin