1) Généralités 2
Déf 3 : la cystinurie est une maladie héréditaire rare liée à un trouble du transport tubulaire rénal des acides aminés caractérisé par la formation récurrente de calculs rénaux de cystine.
Physiopathologie
– L’affection est due à des mutations deux gènes exprimés dans les tubules proximaux rénaux et le tractus intestinal : SLC3A1 (2p21) et SLC7A9 (19q13.11) 3 ;
– Ces gènes codent pour des sous-unités de transporteurs transépithéliaux pour des acides animés dibasiques (lysine, arginine, cystine, ornithine) 3 ;
– On observe alors un défaut de réabsorption par le tube proximal rénal de la cystine et des acides animés dibasiques ;
– La cystine est donc massivement excrétée.
– Cette excrétion massive de la cystine très peu soluble dans les urines donne lieu à la formation de cristaux ;
– Les cristaux s’accumulent progressivement, formant des calculs de grandes tailles ++
Epidémiologie
– Affection rare : prévalence = 1/7000
– Variations géographiques importantes (1/2500 dans la population juive ; 1/100000 en Suède) 3
– Lithiase d’origine génétique la plus fréquente : < 1% des lithiases de l’adulte et 3-4% des lithiases de l’enfant
2) Diagnostic 2
Clinique | Paraclinique |
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Colique néphrétique |
Identification des cristaux de cystine (dans les urines, dans les calculs) Dosage de cystinurie |
A ) Clinique
-
Anamnèse
Terrain
– Age médian de découverte : 15-20 ans +++
– Varie parfois de la période anténatale à plus de 60 ans
-
Examen physique
Colique néphrétique
B ) Paraclinique
Spectrophotométrie infrarouge/ diffraction des rayons X : permettent l’identification de cystine dans des calculs
Microscopie : pour identification de cristaux de cystine dans les urines
Dosage de la cystinurie
– Dans les urines de 24h
– Rapport cystinurie/créatininurie chez les enfants
Génotypage
– Permet identification de variants pathogènes dans les gènes codant pour les 2 sous-unités en cause
– Réalisation discutée par le néphrologue
Diagnostic anténal 3
– Echographie fœtale avant 36 SA : détection d’un côlon hyperéchogène
– Valeur prédictive élevée (89%)
– La confirmation du diagnostic soit être faite après l’accouchement
C ) Diagnostic différentiel 3
– Syndrome de délétion 2p21
– Syndrome d’hypotonie-cystinurie (SHC)
– SHC atypique
3) Evolution 2
A) Histoire naturelle
L’évolution est marquée par une récidive fréquente de la formation des calculs.
B) Complications
– Insuffisance rénale chronique
– Hypertension artérielle
4) PEC
A ) Traitement
Traitement poursuivi à vie (prévention des récidives de lithiases et l’apparition des complications)
– Hyperdiurèse (> 3L/jour chez l’adulte et 2-3 L/m²/jour pour l’enfant) : diminue la concentration de cystine urinaire ; densité urinaire cible = 1005
– Alcalinisation des urines pour augmenter la solubilité de la cystine : pH cible = 7,5-8
– Diminution des apports en méthionine pour diminuer la production de cystine
– Diminution des apports sodés pour diminuer le débit urinaire de cystine
– Utilisation de médicament dérivés sulfhydrylés uniquement en seconde intention
B) Suivi
– Surveillance des récidives de calcul et de la bonne conduite du traitement
– A surveiller : pression artérielle, fonction rénale, diurèse (volume, natriurèse, créatininurie, urée), cristallurie sur les urines du matin, échographie rénale
– Rythme de consultation : tous les 3 mois, puis tous les 6 mois lorsque la maladie est stable
– Surveillance rapprochée des effets secondaires en cas d’utilisation d’un dérivé sulfhydrylé : NFS+Plaquettes, protéinurie, bilan hépatique.