Gériatrie
Fiche réalisée selon le plan MGS
item 250
1) Généralités 2
Déf : La dénutrition protéino-énergétique est une situation résultant d’un déséquilibre entre les apports et les besoins de l’organisme conduisant à des pertes tissulaires ayant des conséquences fonctionnelles délétères.
Epidémiologie 1
– Prévalence de 4 – 10% : personnes âgées résidants à domicile
– Prévalence 15 – 40% : personnes âgées vivants dans une institution
– Prévalence 30 – 70 % : personnes âgées hospitalisées
Situations à risque de dénutrition
– indépendantes de l’âge : cancers ; défaillances d’organe sévères et chroniques ; pathologies à l’origine de maldigestion et/ou de malabsorption ; alcoolisme chronique ; pathologies infectieuses et/ou inflammatoires chroniques ; toutes les situations susceptibles d’entraîner une diminution des apports alimentaires et/ou une augmentation énergétique.
– liées à l’âge :
Situations | Exemples |
---|---|
Psycho-socio-environnementales | Isolement social ; Deuil ; Difficultés financières ; Maltraitance ; Hospitalisation ; Changement des habitudes de vie (entrée en institution) |
Toute affection aiguë ou décompensation d’une pathologie chronique | Douleur ; Pathologie infectieuse ; Fracture entraînant une impotence fonctionnelle ; Intervention chirurgicale ; Constipation sévère ; Escarres |
Traitement médicamenteux au long cours | Polymédication ; médicaments entraînant une sécheresse buccale/une dysgueusie/ des troubles digestifs/ une anorexie/ une somnolence etc ; Corticothérapie au long cours |
Troubles bucco-dentaires | Troubles de la mastication ; mauvais état dentaire ; Appareillage mal adaptée ; Sécheresse buccale ; Candidose oropharyngée ; Dysgueusie |
Troubles de la déglutition | Pathologie ORL ; Pathologie neurologique dégénérative ou vasculaire |
Régimes restrictifs | Sans sel ; Amaigrissant ; Diabétique ; Hypocholestérolémiant ; Sans résidu au long cours |
Dépendance pour les actes de la vie quotidienne | Dépendance pour l’alimentation ; Dépendance pour la mobilité |
Syndromes démentiels et autres troubles neurologiques | Maladie d’Alzheimer ; Autres démences ; Syndrome confusionnel ; Troubles de al vigilance ; Syndrome Parkinsonien |
Troubles psychiatriques | Syndromes dépressifs ;Troubles du comportement |
2) Diagnostic 2
Clinique | Paraclinique |
---|---|
Perte de poids Score MNA (Mini Nutrional Assessment) |
Albuminémie < 35 g/L |
A ) Clinique
-
Dépistage
Outils :
– Rechercher des situations à risque de dénutrition
– Estimer les apports alimentaires
– Mesurer régulièrement le poids et calculer l’IMC
=> Utilisation du MNA (Mini Nutritionnal Assessment)
Fréquence :
– 1 fois/an en ville
– 1 fois/mois en institution
– lors de chaque hospitalisation
-
Critères diagnostiques
Dénutrition modérée
– Perte de poids > 10% en 6 mois ou 5% en 1 mois
– IMC < 21
– Score MNA < 17/30
Dénutrition sévère
– Perte de poids > 15% en 6 mois ou 10% en 1 mois
– IMC < 18
La présence d’un seul critère suffit !
B ) Paraclinique
Dénutrition modérée
– Albuminémie < 35 g/L
– Pré-albuminémie 1 : < 0,2 g/L
Dénutrition sévère
Albuinémie < 30 g/L
N.B : Tenir compte de l’état inflammatoire dans l’interprétation des résultats !
3) Evolution 1
A) Histoire naturelle
En absence de prise en charge, la dénutrition du sujet âgé évolue vers les complications.
B) Complications
– Morbimortalité
– Aggravation de la sarcopénie
– Immunodépression
– Escarres
– Déshydratation
– Déficit en micronutriment
4) PEC 2
A ) Bilan initial 1
BILAN |
---|
Interrogatoire : recherche de comorbidités, traitement en cours, dépendance ; étude du contexte socio-environnemental ; recherche des situations à risque en vue de leur modification et de l’organisation de la surveillance (dans la limite du possible) |
B) Traitement
-
Objectif
– Apport énergétique : 30 – 40 kcal/kg/j
– Apport protéique : 1,2 – 1,5 g de protéine/kg/j
-
Moyens
-Nutrition orale ( conseils nutritionnels ; aide à la prise alimentaire ; alimentation enrichie ; compléments nutritionnels oraux )
– Nutrition entérale
– Nutrition parentérale
-
Stratégie de PEC nutritionnelle
Selon le stade de dénutrition et les apports spontanés
Apports spontanés | Statut nutritionnel normal | Dénutrition | Dénutrition sévère |
---|---|---|---|
Normaux | Surveillance | Conseils diététiques Alimentation enrichie Réévaluation∗ à 1 mois |
Conseils diététiques Alimentation enrichie + CNO Réévaluation à 15 jours |
Apports diminués mais > 50% des apports habituels | Conseils diététiques Alimentation enrichie Réévaluation à 1 mois |
Conseils diététiques
Alimentation enrichie |
Conseils diététiques Alimentation enrichie + CNO Réévaluation à 1 semaines Si échec : Nutrition entérale |
Apports diminués ++ (< 50% apports habituels) | Conseils diététiques Alimentation enrichie Réévaluation à 1 semaine Si échec : CNO |
Alimentation enrichie + CNO Réévaluation à 1 semaine Si échec : NE |
Conseils diététiques Alimentation enrichie et NE d’emblée Réévaluation à 1 semaine |
∗ Evaluation du :
– poids
– statut nutritionnel
– tolérance et observance du traitement
– évolution des pathologies sous-jacentes
– estimation des apports alimentaires spontanés
-
Traitement associé
Médicaments adjuvants (alpha- cétoglutarate d’ornithine)
– limite le catabolisme protéique musculaire
– doit s’accompagner d’un apport protéino-énergétique suffisant
– son utilisation isolée n’est pas recommandée
Micronutriments
administration de calcium et de vitamine D ( 800- 1000 UI/j) 1
Activité physique 1
– L’activité physique permet de potentialiser l’effet du programme de renutrition et d’améliorer l’autonomie
– Envisager l’encadrement par un kinésithérapeute
C) Suivi
Paramètres de suivi |
---|
Poids : 1 fois/semaine (pèse-personne adaptée à la mobilité du malade) Apports alimentaires : lors de chaque réévaluation (méthode simplifiée «semi quantitative» ou calcul précis des ingesta sur 3 jours ou au moins sur 24h) Albuminémie : 1 fois/ mois (sauf si valeur initiale normale) |
D) Prévention 1
– Activité physique : à adapter aux possibilités du sujet âgé.
– Hygiène buccodentaire : permet de préserver les capacités de mastication et favorisent une alimentation diversifiée et suffisante.
2 réponses à “Dénutrition chez la personne âgée”
La prévention de la dénutrition des personnes âgées figure dans les objectifs des actions de santé publique du PNNS ainsi que dans le plan national » Bien vieillir «
La HAS prévoit une mise à jour, comme elle l’a fait pour l’enfant et l’adulte : https://www.medg.fr/denutrition-chez-ladulte-et-lenfant/