1) Généralités 1
Déf : La déshydratation intra-cellulaire (DIC) est une diminution du volume intra-cellulaire secondaire à une hyperosmolalité plasmatique (très souvent par hypernatrémie). Elle peut être soit isolée, soit secondaire à une déshydratation extra-cellulaire ou une hyperhydratation extra-cellulaire.
Physiologie (voir physiologie normale)
Selon l’origine
– Isolé = déficit d’eau sans modification du sodium, par défaut d’apport, perte d’eau rénale ou extra-rénale (avec hypernatrémie). Plus rarement du à la présence d’un autre soluté osmotiquement actif modifiant l’osmolalité sans modification de la natrémie.
– Secondaire à une deshydratation extra-cellulaire= Perte d’eau supérieure à la perte de sel
– Secondaire à une hyperhydratation extra-cellulaire = excès de sodium supérieur à l’excès d’eau dans les causes iatrogènes
Etiologies des déshydratations intra-cellulaire isolées
Perte rénale = diabète insipide (perte d’eau libre rénale par trouble de l’ADH) : polyurie avec U/P osmol < 1
– centrale = atteinte de la post-hypophyse (tumorale, héréditaire, post-trauma, infiltrative…)
– néphrogénique = tubulopathie (génétique, fonctionnelle par hypercalcémie ou hypokaliémie chronique, lithium…)
Perte extra-rénale « insensible » : oligurie avec U/P osmol > 1
– cutanée : coups de chaleur, brûlure
– respiratoire : polypnée
– digestive : diarrhée osmotique
Déficit d’apport (souvent associé à une cause rénale ou extra-rénale)
– absence d’accès libre à l’eau (âges extrêmes, coma)
– anomalie des centres de la soif ou des récepteurs hypothalamiques
Déshydratation intra-cellulaire sans hypernatrémie (présence d’un autre soluté osmotiquement actif responsable d’un trou osmotique)
– mannitol
– éthylène glycol
(l’urée et l’éthanol diffusent librement et n’entrainent pas d’anomalie)
Note : Pour les causes secondaires, cf hyperhydratation extra-cellulaire et déshydratation extra-cellulaire
2) Diagnostic 1
Clinique | Paraclinique |
---|---|
soif intense et muqueuses sèches perte de poids modérée |
Osm plasm > 300mOsm/kg très souvent hypernatrémie |
A ) Clinique
– diminution de poids modéré
– soif intense
– muqueuses sèches (face interne des joues)
– si aiguë ou sévère, trouble neuro (somnolence, irritabilité, fièvre)
B) Paraclinique
Signes biologiques de déshydratation intracellulaire
– osmolalité > 300 mOsm/kg
– souvent hypernatrémie > 145 mmol/L
3) Evolution 1
Parfois grave en cas d’évolution rapide et sévère, notamment dans les diabètes insipides aigus et/ou chez les nourrissons et personnes âgées ! Risque d’hématome sous-duraux et d’hémorragies cérébro-méningées.
4) PEC 1
PEC étio [pour l’orientation diagnostique, cf fiche « hypernatrémie » sans oublier les rares cas sans hypernatrémie]
Traitement symptomatique : selon l’état d’hydratation extracellualire (1L par kilo perdu, ou encore déficit = 20% x Poids actuel x [Hte/0,45 – 1])
– Déshydratation intracellulaire isolée : eau pure PO ou par sonde gastrique
– Déshydratation globale : apport hydrosodé hyponotonique ([NaCl 0,9% + G5] 0 ou NaCl 0,45%)
– Hyperhydratation extracellulaire associée : association d’un soluté hypotonique ou de l’eau pure avec un diurétique
Remarques
– En cas d’hypernatrémie aiguë symptomatique, la natrémie peut être corrigée de 2 mmol/h jusqu’à 145mmol/l
– En cas d’hypernatrémie chronique, ne pas dépasser 10 mmol/24h ! Risque d’oedème cérébral !
– Ne jamais prescrire de l’eau pure intraveineuse !!
6 réponses à “Déshydratation intra-cellulaire”
La vitesse de correction maximale de l’hypernatrémie aigue est passée de 1 mM/h à 2 mM/h dans la dernière édition du CUEN
Merci
Merci énormément
Info à vérifier : l’urée et l’éthanol diffusent librement et n’entrainent pas d’anomalie
Dans la fiche Hyponatremie : intoxication à l’éthanol comme cause…
voir https://academic.oup.com/alcalc/article/35/6/612/205124?login=true
Bonjour,
je me demandais pourquoi l’éthylène glycol pouvait être en cause dans les déshydratations intracellulaires alors que c’est censé être un agent non osmotiquement actif ?
Merci d’avance pour votre réponse,
Cordialement
Bonjour Mathilde,
merci pour ton commentaire.
Quel est ta source ? Selon cette fiche (qui n’utilise pas le dernier ref du CUEN) l’ethylène glycol est justement osmotiquement actif, contrairement à l’éthanol