Santé publique – Psychiatrie
Fiche réalisée selon le plan MGS
Item ECNi 78
Définition (Comité international olympique CIO, 1999)
– Usage d’une substance ou d’une méthode potentiellement dangereuse pour la santé des athlètes et/ou susceptible d’améliorer leur performance
– Présence dans l’organisme de l’athlète d’une substance, ou constatation de l’application d’une méthode qui figure sur la liste de l’AMA (agence mondiale antidopage)
L’agence française de lutte contre le dopage (AFLD) propose un moteur de recherche pour vérifier si un médicament est interdit.
Les substances et méthodes concernées peuvent être
– Interdites en permanence
– Interdites uniquement en compétition
– Incluses dans une Autorisation d’Usage à des fins Thérapeutiques (AUT) : prise en charge d’un problème de santé intercurrent (sportif diabétique, urgences…)
Epidémiologie : 4% des contrôles antidopage contenaient des substances interdites, avant vérification d’une éventuelle AUT (2012)
A ) Substances dopantes
Catégorie (%age parmi les contrôles positifs) | Molécules / produits | Effet recherché |
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Cannabinoïdes (30%) | Δ9-THC Cannabis naturel et cannabinoïdes de synthèse |
Amélioration du relâchement musculaire Diminution de l’anxiété Amélioration du sommeil |
Glucocorticoïdes (25%) | Cortisol, cortisone Prednisone, prednisolone |
Psychostimulant Augmentation de la performance en endurance et de la tolérance à la douleur |
Agents anabolisants (15%) | Hormone de croissance (GH) Stéroïdes : testostérone et analogues synthétiques |
Augmentation de la masse musculaire GH : résistance à la fatigue Stéroïdes : meilleure force (action directe) et endurance (action indirecte) |
Stimulants (10%) | Amphétamines Cocaïne NPS (cathinones) |
Réduction de la sensation de fatigue Amélioration du temps de réaction, de l’attention et de la concentration |
Diurétiques et agents masquants (8%) | – | Aide à la perte de poids Masquage d’autres produits dopants |
β2-agonistes (5%) | Tous sauf 3 formes inhalées (en dessous de seuils urinaires) : salbutamol, formotérol, salmétérol | Amélioration de la fonction respiratoire Augmentation de la capacité d’effort et de résistance |
Hormones peptidiques, facteurs de croissance et apparentés | EPO | Augmentation du transport de l’oxygène et de l’endurance |
Narcotiques | Analgésiques dérivés des opiacés | Diminution de la sensation de douleur Effet sédatif Effet euphorisant |
Antagonistes et modulateurs hormonaux | ||
Classe SO : substances non-approuvées, non incluses dans les 9 autres catégories et non approuvées pour un usage thérapeutique chez l’homme |
Notes
– Diurétiques : nécessité d’une AUT pour le diurétique et toute substance en ou hors compétition
– Alcool : interdit dans certains sports (aéronautique, automobile, karaté, motocyclisme, motonautique et tir à l’arc) avec un seuil de violation à 0,1 g/L
– β-bloquants : interdits dans certains sports (automobile, billard, fléchettes, golf, ski, tir et tir à l’arc)
– Le bupropion, la caféine, la nicotine et la synephrine ne sont pas interdits
B ) Méthodes de dopage
> Manipulation de sang
Il s’agit de la transfusion de prélèvements sanguins avant l’épreuve.
La pratique consiste à prélever du sang après 1 mois de traitement par EPO (ou microdoses d’EPO + fer IV, plus difficile à détecter), de le stocker puis de le réinjecter avant l’épreuve. Ce procédé améliore la captation de l’oxygène de 5 à 10% pendant 3 semaines, et diminue la fréquence cardiaque à l’effort.
On peut détecter les érythrocytes allogéniques, mais il n’existe aucun test pour les transfusions autologues.
Les risques de ces transfusions extra-hospitalières sont liés à l’augmentation de l’hématocrite et de la tension artérielle.
> Manipulation physiques et chimiques
Ensemble des procédés susceptibles de modifier l’intégrité et la validité des échantillons utilisés lors des contrôles de dopage
– Substitution ou altération des échantillons
– Perfusions IV, injections
> Dopage génétique
Transfert d’acides nucléiques ou de séquences d’acides nucléiques et utilisation de cellules normales ou génétiquement modifiées (définition AMA) 1A. Il peut s’agir d’influencer la croissance musculaire, le catabolisme des graisses ou la production hormonale, plus de 200 « gènes sportifs » étaient resencés en 2011 0.
C ) Dépistage
> Mesure directe : contrôles antidopage de l’AFLD
Tout sportif professionnel ou amateur participant à une compétition ou une manifestation agréée par une fédération sportive peut être contrôlé lors de la compétition ou au cours des entraînements.
Le sportif reçoit une convocation à contresigner
– Délai maximum d’une heure pour se présenter au poste de contrôle
– Il doit accepter ce contrôle, ou sera considéré comme s’il était convaincu de dopage
Le contrôle est effectué par une personne habilitée munie d’un ordre de mission et d’un délégué fédéral, qui ont pour mission de surveiller le recueil des échantillons (2 flacons : prélèvements urinaires ± sanguins), et de les envoyer aux laboratoires de l’AFLD à Chatenay-Malabry.
Le résultat est transmis à la fédération dont le sportif dépend (qui notifie le sportif du résultat) ± à l’AMA, l’AFLD et la fédération internationale s’il est positif.
> Mesure indirecte : passeport biométrique
Cette méthode est notamment utile pour dépister les effets hématologiques des transfusions autologues et injections d’EPO, mais ne permet pas de dépister toutes les situations de dopage.
Module hématologique | Module endocrinien | 3e module |
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Dépistage des méthodes d’amélioration du transport de l’oxygène | Détection de certains stéroïdes anabolisants | Dépistage du dopage par hormone de croissance (en cours de développement) |
– Ht – Hb – Numération érythrocytaire et des réticulocytes – VGM – TCMH, CCMH |
Concentrations urinaires de – Testostérone, épitestostérone – Androstérone – Etiochalanolone – 5αAdiol – 5βAdiol |
La PEC est variable en fonction du produit concerné, de ses conséquences médicales psychiatriques ou non et du niveau d’utilisation.
Le numéro vert « Ecoute et dopage » permet d’informer et d’orienter les sportifs concernés ou leur entourage.
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Rôle des AMPD
Les antennes médicales de prévention contre le dopage (AMPD) sont rattachées à des services hospitaliers de médecine du sport ou d’addictologie. Ces centres peuvent donner des avis spécialisés et suivre les sportifs.
Leurs missions sont
– Consultations anonymes
– Suivi ou PEC spécifique (obligatoire si contrôle antidopage positif!)
– Coordination de la PEC multidisciplinaire
– Enseignement, prévention et information sur les pratiques dopantes
– Recherche, mission épidémiologique et veille sanitaire
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Aspects législatifs
En France, la loi du 5 avril 2006 encadre les pratiques de dopage avec un volet répressif (liste des substances interdites, chaque athlète est responsable d’éviter ces produits) et un volet préventif (suivi médical longitudinal des sportifs de haut niveau).
Tout médecin amené à déceler des signes évoquant une pratique de dopage doit
– Refuser la délivrance des certificats médicaux habituels
– Informer son patient des risques encourus
– Lui proposer une orientation en AMPD
– Transmettre les données recueillies au médecin responsable de l’AMPD de sa région, de façon anonyme (secret médical)
En cas de contrôle antidopage positif
– Suspension voire radiation de la fédération sportive
– Sanctions pénales (amende et prison) en cas d’obstruction au contrôle ou si le sportif a procuré le produit à un autre sportif
– Sanctions de l’entourage ou des soignants s’ils ont incité ou facilité l’usage du produit
Une réponse à “Dopage”
Voir la liste des substances interdites sur le site de l’afld (actualisée tous les ans)