1) Généralités 1A
Déf : dermatose inflammatoire due à l’activation des lymphocytes T, déclenchée par le contact de la peau avec des substances exogènes.
Physiopathologie : cf. fiche Allergie et hypersensibilité
– Facteurs environnementaux : sensibilisation = pénétration de l’antigène avec haptène favorisée par les altérations de la barrière cutanée (eau, occlusion sous des gants, solvants…)
– Facteurs immunologiques : lymphocytes d’orientation Th1
Etiologies : cf. Substances allergènes
2) Diagnostic 1A
Clinique | Paraclinique |
---|---|
Eczéma aigu : érythème, vésicule puis désquamation à 24-48h post-exposition à un allergène Eczéma chronique : lichenification, kératose /fissures des paumes et plantes |
– |
A ) Clinique
Anamnèse : sensibilisation préalable (phase asymptomatique durant quelques jours à plusieurs années) puis nouvelle exposition au même allergène
Eczéma aigu = forme typique survenant à 24-48h de l’exposition
– Phase érythémateuse : placard érythémateux à contours émiettés, oedème
– Phase vésiculeuse : vésicules ± bulles à contenu clair
– Phase suintante : rupture des vésicules, spontanément ou après grattage
– Phase croûteuse ou désquamative : suivie d’une guérison sans cicatrice
Formes topographiques
– Visage (paupières), extrémités, OGE : aspect oedémateux
– Paumes et plantes : vésicules dures, enchâssées par dysidrose
– Zones photo-exposées : photosensibilisation
Certaines localisations orientent également sur l’étiologie (allergène)
– Lobule des oreilles, poignet, et ombilic : sensibilisation au nickel
– Visage, paupières, cou : cosmétiques, vernis, produits volatils (parfums…)
– Pieds : allergie à un constituant des chaussures (chrome du cuir sur le dos du pied, agents de vulcanisation du caoutchouc sur la plante)
– Zones de contact du tronc, plis : colorants textiles
– …
Formes chroniques
– Eczéma lichénifié (par grattage) : épaississement de la peau, aspect quadrillé et pigmenté
– Eczéma chronique des paumes et plantes : hyperkératose, fissures (kératodermie palmo-plantaire)
B ) Paraclinique
Biopsie (ssi doute diagnostique)
– Spongiose : oedème inter-kératinocytaire, vésicules intra-épidermiques
– Exocytose épidermique : infiltrat de cellules mononucléées
– Oedème dermique et infiltrat lymphocytaire à prédominance périvasculaire
C ) Diagnostic différentiel
Dermatite irritative : agressions physiques ou chimiques directes (mains ++) n’impliquant pas de mécanisme immunologique. Une dermatite d’irritation peut être à l’origine d’un eczéma de contact en altérant la fonction de barrière de la peau !
Eczéma de contact | Dermatite d’irritation | |
---|---|---|
Epidémio | Quelques sujets en contact | La majorité des sujets en contact |
Délai | Sensibilisation puis 24-48h de la nouvelle exposition | Minutes, heures |
Lésion | Bords émiettés | Bords nets |
Topographie | Déborde de la zone de contact, lésions à distance possibles | Limitée à la zone de contact (dos des mains ++) |
Signe associé | Prurit | Brûlure |
Test épicutané | + | – ou lésion d’irritation |
Dermatite (ou eczéma) atopique
– Chez l’adulte : distinction eczéma de contact généralisé / dermatite atopique difficile
– Chez l’enfant et l’adulte : association eczéma + dermatite atopique possible, évoquée en cas de résistance au ttt local ou devant une topographie inhabituelle de dermatite atopique
Dysidrose (= eczéma dysidrosique) : dans un contexte de dermatite atopique ou sans cause identifiée
Différentiel d’un oedème du visage
– Erysipèle : placard inflammatoire bien limité, fièvre, frissons, hyperPNN
– Oedème de Quincke : oedème blanc, ferme, sans prurit ni fièvre, disparaissant en < 72h
– Zona : éruption érythémateuse puis vésicules ombiliquées, douleurs, topographie unilatérale et segmentaire
3) Evolution 1A
A) Histoire naturelle
La guérison sans cicatrice est obtenue en 7-15 jours après éviction de l’allergène. Si le contact avec l’allergène persiste, les lésions deviennent chroniques.
B) Complications
Surinfection (impétigo)
Erythrodermie : érythème diffus avec signes généraux
Retentissement socio-professionnel (notamment atteinte des mains)
4) PEC 1A
A ) Bilan initial
Bilan étiologique (allergologique)
– Interrogatoire : topographie initiale, circonstances et chronologie, produits locaux utilisés
– Clinique : formes topographiques
– Tests épicutanés : patch-test (voir aussi Tests allergologiques). Le CEDEF présente la batterie standard européenne des 29 substances les plus fréquemment en cause.
B ) Traitement
Mesures générales
– Eviction de l’allergène (indispensable, pas de désensibilisation dans l’eczéma de contact!) avec information orale et écrite
– Mesures de protection, adaptation / changement de poste, déclaration en maladie professionnelle s’il y a lieu
Traitement symptomatique
– Dermocorticoïdes d’activité forte à très forte : 1 application / jour 1-2 semaines 1Si allergie de contact à un dermocorticoïde, CI de la classe chimique concernée à la fois pour les corticoïdes locaux et systémiques (risque de toxidermie parfois sévère)– Anti-H1 de 1ère génération quelques jours en cas de prurit important (antiH1 non-sédatifs inutiles!)
– Si impétignisation : ATB par voie générale (pristinamycine, augmentin) sans retarder le traitement corticoïde local
Une réponse à “Eczéma de contact”
Est ce vraiment indispensable de mettre un dermocorticoide si l’allergène est clairement identifié et supprimé ? Par exemple sur un eczéma de contact avec un nouveau fond de teint ?