1) Généralités 2
Déf : l’eczéma nummulaire ou discoïde, d’origine méconnue, est caractérisé par des plaques arrondies ou ovalaires.
Facteurs étiologiques
– Origine souvent méconnue (surtout en ce qui concerne les membres et le tronc)
– Mise en cause de la fragilité cutanée face à des facteurs irritants externes ou des allergène de l’environnement
. facteurs d’irritation ou de dessication (localisation aux mains et aux avant-bras +++) : produits chimiques et alimentaires, détergents, etc.
– Surconsommation d’alcool et/ou tabagisme (associée à la survenue ou une aggravation notable)
– Apparition secondaire à
. dermatite atopique (chez l’enfant ++)
. astéatose
. allergie de contact (dissémination de proche en proche et par voie hématogène)
– Manifestation aiguë, d’un eczéma endogène après administration systémique d’un allergène comme l’alpha-méthyldopa ou le propacétamol
2) Diagnostic 2
Clinique | Paraclinique |
---|---|
Plaques caractéristiques | – |
A ) Clinique
– Plaques
. arrondies ou ovalaires de 1-5 cm de diamètre, bien délimitées
. recouvertes de vésicules et de croûtelles (se forment par concrétion de l’exsudat du suintement dans la forme aiguë et de squames dans le forme chronique)
. localisation : membres +++, parfois extension aux fesses ou au tronc (épargnent en général la face)
– Prurit souvent intense, insomnieux
B ) Paraclinique
Pas de données relatives à la paraclinique.
C ) Diagnostic différentiel
– Dermatophytoses de la peau glabre
– Dermatite herpétiforme
– Mycosis fongoïde
– Psoriasis irrité
3) Evolution 2
A) Histoire naturelle
– Evolution chronique et capricieuse
– Exaspération au cours de la saison froide
– Permanence du prurit pendant des mois, voire des années
B) Complications
– Surinfection
– Lichénification
– Altération de la qualité de vie sociale
4) PEC 2
-
Moyens
Mesures hygiéno-diététiques
Mesures de consommation
– Réduire la consommation d’alcool
– Réduire la consommation de tabac (pourra être substituée temporairement par la nicotine en patch ou par les gommes à mâcher)
Mesures d’économie cutanée
– Particulièrement soignées, surtout pour les formes sèches d’eczéma nummulaire (lésions acrales +++)
– S’appliquer à une toilette non agressive, faite avec un syndet et de l’eau tiède
– Prendre soin de protéger le tégument (mains +++) de toute agression cutanée
. éviter la manipulation à main nue des produits ménagers, détergents et autres produits chimiques, des substances naturelles irritantes
. porter des gants
. laver et sécher les mains
Traitement local
Dermocorticoïdes
– Dermocorticoïdes d’activité forte ou très forte
– Crème hydrophile de préférence : Aclosone®, Diprosone®, Efficort®, Flixovate®, Locatop®, Nérisone®, …)
– Application vespérale jusqu’à rémission clinique et interrompre le traitement ou
. passer à 1 application tous les 2 jours durant une dizaine de jours
. puis 2 applications/semaine durant un mois
Note : La corticothérapie locale est plus délicate à utiliser en cas de lésions profuses (difficultés d’application et risques systémiques si surface traitée > 30% de la surface corporelle)
Emollients
– Restauration épidermique au niveau des lésions en voie de guérison
– Lutte contre le prurit des lésions sèches
Antiseptiques : utilisés en complément des corticoïdes locaux (pas de preuves d’efficacité)
Traitements asséchants
– Utiles pour les lésions suintantes
– Il s’agit de
. Solutions de sulfate de cuivre et de permanganate de potassium en bain
. Applications de nitrate d’argent en solution aqueuse à 1%, éosine, fluorescéine (efficaces mais salissantes)
. Corticoïdes locaux en crèmes (effets vasoconstricteur et anti-inflammatoire)
. Compresses d’eau tiède, de sérum physiologique (Nacl 0.9%)
. Solutions aqueuses d’antiseptiques comme la chlorhexidine ) 0.05% (Septéal ®, Hibidil ®, …)
Antibiotiques locaux : Acide fusidique +++
Dérivés du goudron
– Psocortène ®, ichtyol, coaltar en préparation magistrale concentrée de 5-10%
– Ils sont salissants et malodorants
– Permettent une épargne des corticoïdes locaux (peuvent être utiles sur les lésions sèches et lichénifiées)
– Peuvent s’employer en relais des corticoïdes locaux : 1-2 applications/jour
Traitement général
Antihistaminiques sédatifs
– luttent contre le prurit
– hydroxyzine (Atarax®, de 25 à plus de 100 mg/j selon la réponse et la tolérance) ou dexchlorphéniramine (Polaramine®, de 2 à 8 mg/j)
– La doxépine (Quitaxon ®) a un effet antiprurigineux puissant et est utile en absence de réponse clinique aux précédentes molécules (AMM pour les épisodes dépressifs caractérisés)
Antibiotiques systémiques
– Sont justifiés dans les cas de surinfection avérées ; peuvent être utilisés dans les formes suintantes
– Molécules actives sur le staphylocoque doré et le streptocoque pyogène
. pénicilline M
. macrolides
. acide fusidique
. synergistine
Photothérapie UV
– Action sur le prurit et anti-inflammatoire
– Formes profuses et rebelles d’EN
. UVB (à spectre large ou étroit par les lampes TL01) : 3-5 séances/semaine
. PUVAthérapie 2-3 fois/semaine
Corticothérapie générale
– Rapidement dégressive
– Peut être nécessaire dans les formes graves
Ciclosporine
– Sandimmun®, Néoral®
– Peut exceptionnellement être utilisée dans l’eczéma nummulaire grave, profus, résistant aux autres traitements (si l’on peut l’intégrer dans le cadre d’une dermatite atopique)
-
Stratégie thérapeutique
Moyens |
Eczéma nummulaire (EN) limité |
EN suintant | EN impétignisé | EN profus | en grave, résistant à tout traitement |
Corticoïdes locaux | + | + | + | + mais délicate | Evoquer l’allergie de contact aux corticoïdes locaux |
Emollients | + | + | |||
Compresses aqueuses (eau, sérum physiologique, chlorhexidine) | + | + | |||
Goudrons | |||||
Antibiothérapie locale ou systémique | + | ||||
Photothérapie ultraviolette (UVB, PUVA) | + | ||||
Corticoïdes systémiques | Rarement | ||||
Ciclosporine | Si EN atopique | ||||
Traitement général du prurit | + | + | + | ++ | ++ |
Mesures d’hygiène et d’économie cutanée | + | + | + | ++ | ++ |
Tempérance alcoolique et tabagique | + | + | + | ++ | ++ |