1) Généralités 1
Déf : nématodoses dues à des filaires lymphatiques : Wuchereria bancrofti, Brugia malayi et Brugia timori. Ce sont des vers filiformes blancs transmises par des arthropodes.
Physiopathologie
– Les manifestations cliniques sont des expressions des conflits mécaniques et immunologiques entre le parasite et son hôte et sont diverses ++
– Les vers adultes localisées dans les vaisseaux lymphatiques gênent la circulation et irritent les endothéliums favorisant ainsi des accidents inflammatoires aigus précoces (en relation avec le parasite vivant)
– Secondairement après la mort des filaires adultes, la maladie devient chronique (stagnation de la lymphe et hypertrophie sclérofibreuse du derme, éléphantiasis spectaculaire)
Épidémiologie
Données épidémiologiques
– filarioses lymphatiques
. très largement répandues dans les zones intertropicales et subtropicales
. fréquentes en Asie
. dans les DROM-COM français, concernent surtout la Polynésie et Mayotte (archipel des Comores)
– 68 millions de personnes seraient infectées avec 36 millions présentant une hydrocèle et/ou un lymphœdème
Mode de transmission :
– piqûre d’un moustique
– transmission par transfusion sanguine possible (mais les microfilaires dans ce cas ne donnent pas de filaires adultes chez le transfusé)
Parasitologie
Agent pathogène
– Les principales filaires lymphatiques : Wuchereria bancrofti ++, Brugia malayi
– Dimensions
. Mâle : jusqu’à 5cm
. Femelle (vivipare) : jusqu’à 10 cm
– Les femelles vivent jusqu’à 15 ans dans les lymphatiques de l’Homme.
Cycle évolutif
– Les femelles fécondées émettent des microfilaires (300 μm) dans les vaisseaux lymphatiques dont la durée de vie est de quelques mois.
– Ces dernières se localisent au niveau des capillaires pulmonaires et passent périodiquement (surtout la nuit) dans le sang périphérique prêtes à être ingérées par un moustique : Culex sp., Aedex sp., Mansonia sp., et Anophelex sp.
– Deux semaines plus tard, lors d’un nouveau repas sanguin les larves infectantes (1mm de long) sorties de la trompe du moustique traversent activement la peau et gagnent les voies lymphatiques où elles deviennent adultes.
2) Diagnostic 1
Clinique | Paraclinique |
---|---|
Asymptomatique Symptomatologies lymphatiques aiguë et chronique |
Recherche quantitative et qualitative des microfilaires |
A ) Clinique
Asymptomatique
– sujets asymptomatiques fréquents
– ces cas assurent la transmission de l’affection
Manifestations aiguës
– Incubation : quelques mois après la piqûre infestante
– Signes généraux : fièvre, asthénie
– Accidents génitaux aigus
. lymphangite du scrotum
. funiculite
. orchite brutalement installée laissant souvent place à une hydrocèle chyleuse
– Lymphangites aiguës des membres (année suivant l’infestation)
. souvent accompagnées de fièvre
. se présentent comme des lymphangites banales mais de la racine vers l’extrémité des membres (contrairement aux lymphangites bactériennes qui sont centripètes)
. elles retrocèdent rapidement mais récidives de plus en plus rapidement sans signes veineux ou infectieux
. Wuchereria bancrofti (atteinte surtout des membres inférieurs en Afrique et atteintes surtout des membres supérieurs en Océanie : var. pacifica)
. Brugia malayi : jambe, pied et creux poplitée.
– Lymphangite aiguës profondes
. fièvre
. douleurs thoraciques et abdominales
– Adénites aiguës profondes
. isolées ou à la suite de lymphangites
. siège : inguinal ou axillaire
– Manifestations respiratoires d’origine allergique associées à une hyperéosinophilie (poumon éosinophile tropicale)
. rares
. décrites en Asie ++
Manifestations chroniques
– Adénolymphocèle : tumeur molle, indolente, non fixée, ± réductible, derrière une peau normale (stagnation de la lymphe : aine, scrotum, sein)
– Epanchement de la vaginale (ou hydrocèle)
. fréquents
. citrins, inflammatoires ou chyleux avec présence de microfilaires
– Orchiépididymites chroniques stérilisantes si atteinte bilatérale
– Varices lymphatiques (secondaires à l’hyperpression lymphatique)
– Chylurie : due à une fistule pyélo-lymphatique
. aspect blanc laiteux des urines
. contiennent albumine, lymphocytes, graisses, fibrine et des microfilaires détectables
– Éléphantiasis : peut siéger partout mais surtout au niveau su scrotum, des seins, des membres supérieurs et des membres inférieurs
B ) Paraclinique
Diagnostic direct
Recherche qualitative et quantitative des microfilaires
– dans le sang ou dans le liquide chyleux (épanchement de la vaginale ou dans une chylurie)
– prélèvement effectué de nuit (vers 23h) pour respecter la périodicité nocturne des microfilaires de W. bancrofti dans sa variété africaine.
Biopsie ganglionnaire
– peu recommandée
– on retrouve exceptionnellement le ver adulte
Diagnostic indirect
Recherche d’anticorps : IFI ou ELISA
Recherche d’antigènes circulants à W. bancrofti
. outil primordial
. positivité indépendante de l’heure du prélèvement
C ) Diagnostic différentiel
Devant la lymphangite aiguë des membres, éliminer une lymphangite bactérienne (évolution centripète)
3) Evolution 1
A) Histoire naturelle
– Les manifestations aiguës ont un risque élevé de récidive
– Les manifestations chroniques sont tardives, progressives, spectaculaires, invalidantes et sources de surinfection et socialement difficiles à supporter.
B) Complications
– Rupture des varices lymphatiques : lymphorragie externe ou interne (ascite chyleuse, chylothorax, pleurésie chyleuse et chylurie)
– Stérilité en cas d’Orchiépididymite bilatérale
– Complications septiques liées à la chylurie
4) PEC 1
A ) Traitement
-
Traitement des manifestations aiguës
– Traitement symptomatique (anti-inflammatoires)
– Traitement parasitologique
. microfilaricides à doses croissantes (peu efficace sur les filaires adultes) : diéthylcarbamazine (Notézine ®), ivermectine (Mectizan ® ou Stromectol ®) et Albendazole (Zentel ®)
. traitement antibiotique par cyclines efficace (destruction des bactéries symbiotes : Wolbachia)
-
Traitement des lésions tardives
Il est chirurgical.
B ) Prévention
Programme international de lutte contre les filarioses lymphatiques :
– Elimination des microfilaires chez les porteurs, réservoirs de parasites
. distribution communautaire selon les zones d’endémies d’albendazole seul en 2 prises annuelles
. ou distribution d’une association ivermectine-albendazole ou diéthylcarbamazine- albendazole en prise unique par an.