1) Généralité 1
Déf : infection respiratoire aiguë liée au Myxovirus influenzae.
Physiopathologie
– Fixation du virus aux cellules épithéliales respiratoires grâce à l’hémagglutinine (HA)
– Pénétration intracellulaire et réplication
– Libération et dissémination de nouveaux virions grâce à la neuraminidase (NA)
– Nécrose cellulaire et intense réaction inflammatoire sous-muqueuse (expliquent les lésions)
– Fixation et multiplication possibles sur la matrice extracellulaire de bactéries commensales des VAS ou d’entérobactéries
Epidémio
Données épidémiologiques
au cours d’une saison épidémique (de novembre à février), 10% de la population mondiale (5% des adultes et 20% des enfants) est infectée par le virus de la grippe, contre ≥ 30% au cours d’une pandémie.
Transmission
– Transmission de type gouttelettes et par manuportage
– Fort taux d’attaque en cas de contacts proches et répétés : nécrose épithéliale et inflammation sous-muqueuse.
Virologie
– Réservoir animal ou lieu de découverte (swine = porc, Hong-Kong…)
– Type (A, B ou C)
– HxNx selon l’isotype de l’hémagglutinine et de la neuraminidase
– Grande plasticité génétique ⇒ évolution épidémique ou pandémique selon les années (mécanismes de glissement = mutations ponctuelles ou de réassortiments = échanges de segments entre 2 virus cohabitant chez un hôte « incubateur »)
2) Diagnostic 1
Clinique | Paraclinique |
---|---|
Toux fébrile en période épidémique / après contage | ± PCR dans les formes compliquées |
A ) Clinique
Incubation : 1- 3 jours
Invasion : apparition brutale de frissons, fièvre élevée, myalgies diffuses et céphalées
Phase d’état
– Fièvre élevée, frissons, asthénie, anorexie, abattement
– Ajout d’un syndrome fonctionnel respiratoire (congestion nasale, toux sèche et douloureuse, douleurs pharyngées, rhinorrhée, dysphagie, dysphonie)
– Syndrome algique diffus : céphalées frontales et rétro-orbitaires, arthro-myalgies, lombalgies, courbatures
– Signes physiques peu nombreux et peu spécifiques (énanthème pharyngé, sous-crépitants).
Guérison : asthénie et toux résiduelles (quelques semaines)
B ) Paraclinique
Aucun examen dans les formes simples !
PCR sur écouvillonnage nasopharyngé ou prélèvement respiratoire profond (diagnostic de certitude) : uniquement en cas de complications
Il existe des tests de diagnostic rapide par des méthodes immunologiques peu sensibles.
Syndrome inflammatoire biologique surtout en cas de surinfection bactérienne
Radio thorax : normale ou sd alvéolo-interstitiel généralement bilatéral
C ) Diagnostic différentiel
Rechercher d’autres étiologies de toux aiguë (infections respiratoires non-grippales, asthme, toux mécanique…)
3) Evolution 1
A) Histoire naturelle
– La guérison est spontanée le plus souvent
– Contagiosité : 1 jour avant jusqu’à 6 jours après le début des symptômes
Terrains à risque de forme grave et de complications
– Immunodépression
– Grossesse
– Nourrisson < 6 mois et sujet âgé > 65 ans
– Insuffisance cardiaque, respiratoire ou rénale
– Diabète et obésité
B) Complications
-
Rares et graves
Grippe maligne : pneumopathie alvéolo-interstitielle hypoxémiante, évolution en SDRA rapide et d’un seul tenant (par opposition à la pneumonie post-influenzae)
Syndrome de Reye : encéphalite aiguë, hépatite aiguë fulminante. Ce syndrome rarissime de l’enfant, non-spécifique de la grippe, est corrélé avec une prise de traitements salicylés (aspirine) 0. La mortalité avoisine 50%.
-
Autres complications plus fréquentes
Pneumonie bactérienne post-influenzae : infections à S. Aureus et pneumocoque ++ chez le sujet âgé en particulier, à 4-14 jours de la phase d’état, après amélioration initiale
Surinfections ORL : OMA, sinusite aiguë
Grossesse : surmortalité maternelle, avortement, prématurité, malformations neurologiques
Autres : myocardite, péricardite, encéphalite, diarrhée, rhabdomyolyse, décompensation de comorbidité
4) PEC 1
A ) Bilan initial
bilan initial |
Hospitalisation : elle est quasi-systématique en cas de forme grave ou déjà compliquée, à discuter sur un terrain à risque. Une grippe maligne impose d’orienter le patient en réanimation. Bilan de gravité |
B ) Traitement
-
Traitement anti-grippal spécifique = inhibiteurs de la neuraminidase (INA)
2 molécules existent, l’oseltamivir (= Tamiflu ®) par voie orale et le zanamivir (= Relenza ®) par voie inhalée. Elles permettent lors d’une administration précoce (<48h après symptômes) de réduire la durée et l’intensité des symptômes.
Indications : après 1 an (exclut les nourrissons)
– Traitement curatif 5 jours : forme symptomatique grave / compliquée / terrain à risque avec contact étroit avéré*
– Traitement prophylactique 10 jours : terrain à risque avec exposition (possible incubation en cours)
* Contact étroit = même lieu de vie ou exposition salive / gouttelettes < 1m. On parle de traitement préemptif curatif si les symptômes ne sont pas déclarés 2
-
Traitement symptomatique et des complications
Paracétamol en cas de douleur ou de fièvre
Pas d’AINS ni corticoïdes. Antitussifs et fluidifiants bronchiques inefficaces.
Surinfection bactérienne pulmonaire : traitement à visée anti-staphylocoque et anti-pneumocoque, augmentin 7 jours en 1ère intention
C) Prévention
Vaccination : prévient 70% des grippes chez l’adulte sain, diminue a minima l’incidence des complications. CI si allergie à l’ovalbumine.
Indications : après l’âge de 6 mois, à faire tous les automnes
– Terrain à risque de complication, toute affection grave chronique
– Contact fréquent avec ces populations à risque
– Personnels pouvant favoriser les pandémies (bateaux de croisière, avions, guides de voyageurs…)
Prévention secondaire (patient atteint)
– Arrêt de travail et repos à domicile, hygiène
– Précautions gouttelettes et chambre individuelle en cas d’hospitalisation
Des mesures particulières sont mises en place en cas de pandémie (plan blanc)
Une réponse à “Grippe”
Pas de notion de V grippal dans la fiche (diminution puis réaugmentation de la fièvre). Est ce un signe spécifique / classique ?!