1) Généralité 1A
Déf : l’artérite à cellules géantes = maladie de Horton, est une vascularite systémique à cellules géantes touchant l’aorte et ses grosses branches et la carotide externe.
La pseudo-polyarthrite rhizomélique est traitée dans une fiche distincte. Il existe une relation étroite entre ces 2 pathologies, mais la nature de cette association reste incomprise.
Physiopathologie : des segments d’artère comportent des infiltrats de macrophages et cellules multinucléées associées à des lymphocytes T CD4, entrainant un processus ischémique.
Epidémiologie : incidence plus forte chez le sujet âgé ++ (de l’ordre de 1-25 cas pour 100.000 personnes de plus de 50 ans), en Europe du Nord, chez la femme (sex-ratio = 3,7) et le fumeur.
2) Diagnostic 1A
Clinique / Paraclinique |
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Critères de l’ACR (1990) |
La biopsie peut être négative, mais on retiendra le diagnostic en cas de clinique compatible et de bonne réponse au traitement !
A ) Clinique
> Anamnèse : les signes peuvent apparaître brutalement ou sur plusieurs semaines, avec des signes généraux d’inflammation : fièvre, AEG, myalgies, malaises…
> Signes fonctionnels
Tête et face – troubles sensoriels
– Céphalées temporales ou occipitales récentes, sensibles au contact
– Claudication intermittente de la mâchoire et de la langue
– Hypersensibilité localisée ou généralisée du cuir chevelu (signe de l’oreiller / du peigne)
– Trouble ophtalmo 2 : Amaurose fugace (10-15%), diplopie transitoire, baisse d’acuité visuelle permanente, rarement douleur oculaire
± Signes rhumato
– Signes de PPR (pseudo-polyarthrite Rhizomélique) : associés dans 50% (15% 1B) des cas
– Synovite des genoux ou d’autres articulations
> Signes physiques : les principales artères touchées sont les branches de la carotide externe
Ophtalmo (50%) : perte d’acuité ou d’une partie du champ visuel. La perte de vision est présente 3 jours avant les signes d’infarctus au FO !
Fosse temporale ++ : diminution du pouls voire cordon artériel induré
Carotide (rare) : sensibilité à la palpation
B ) Paraclinique
Biopsie d’artère temporale 1C : prélèvement d’un segment > 20mm jusqu’à 15 jours après le début du traitement
Résultats : sensibilité de 70-90%, opérateur dépendant ++.
– Panartérite = lésions de l’intima et de la média, segmentaire et focale
– Dissociation de la limitante élastique interne
– Infiltrat cellulaire : lymphocytes, macrophages, ± cellules géantes, PNN et plasmocytes
– Epaississement de l’intima
Signes d’appel biologiques
– Syndrome inflammatoire : augmentation de la VS très sensible mais peu spécifique, CRP et autres protéines de l’inflammation élevées
– Cholestase anictérique (20%)
± Echo-doppler de l’artère temporale (œdème pariétal, signe du halo). Devant un tableau clinique compatible, un signe du halo bilatéral a une spécificité de 100% pour l’artérite à cellules géantes (preuve sans histo) 1B.
C ) Diagnostic différentiel
Ils sont nombreux car les signes d’artérite à cellules géantes sont peu spécifiques : éliminer les étiologies fréquentes des céphalées, des fièvres prolongées, d’amaurose transitoire, rhumatismes inflammatoires…
Ils comportent aussi d’autres vascularites systémiques pouvant toucher l’artère temporale :
– Vascularites associées aux ANCA
– PAN
– Vascularites de la polyarthrite rhumatoïde, du lupus, du VIH
– Maladie de Takayasu
D ) Synthèse : critères de l’ACR (1990)
Il ne s’agit pas de critères diagnostiques mais plutôt de critères de classification pour les études cliniques : association de…
– Age > 50 ans
– Céphalées localisées récentes
– Sensibilité à la palpation / diminution du pouls temporal
– VS ≥ 50 mm la première heure
– Biopsie de l’artère temporale montrant une vascularite avec infiltrat mononucléé ou inflammation granulomateuse avec cellules géantes multinucléées
Au total, le diagnostic repose sur un faisceaux d’arguments cliniques et biologiques ; l’histologie est un élément clé mais non-indispensable au diagnostic.
3) Evolution 1B
A) Complications
Atteintes ophtalmologiques 2 :
– Neuropathie optique ischémique antérieure (NOIA) +++ ou postérieure
– ischémie rétinienne par occlusion de l’artère centrale de la rétine ou de l’artère cilio-rétinienne
– ischémie choroïdienne
– paralysie oculomotrice par ischémie musculaire, nerveuse ou du tronc cérébrale
Atteintes vasculaires systémiques
– Forme cardio-aortique : anévrisme ou dissection, SCA, acrocyanose
– Atteinte des artères pulmonaires avec infiltrats bronchopulmonaires
– AOMI
– Atteinte rénale ou digestive (infarctus, HTA réno-vasculaire)
Complications neurologiques
– Centrales : AVC et AIT, désorientation temporospatiale, troubles de l’humeur
– Périphériques : mononeuropathie multiple, atteinte des nerfs oculomoteurs (diplopie)
B) Pronostic
L’évolution est favorable en 12-24 mois dans la grande majorité des cas. Sous traitement, le pronostic est bon malgré un risque de cécité totale (1-2%) et les risques liés à la corticothérapie.
4) PEC 1A
A ) Bilan
Une fois le diagnostic évoqué, l’examen comporte un examen vasculaire complet et la recherche des signes inflammatoires locaux, ainsi qu’un examen ophtalmologique.
Examen ophtalmologique 2 : acuité visuelle, examen du segment antérieur à la lampe à fente avec étude du réflexe photomoteur, FO, champs visuel, angiographie à la fluorescéine
Quand le diagnostic d’artérite à cellules géantes est retenu, on réalise un angio-scanner ou angio-IRM de l’aorte (ou TEP-scan) pour éliminer la présence d’une aortite (paroi > 2 mm). Ces examens d’imagerie tendent à se substituer à la biopsie pour le diagnostic positif.
B ) Traitement
- Corticothérapie : sans attendre la biopsie en cas de forte suspicion
Dose d’attaque (formes simples) : Prednisone 0.5-0.7 mg/kg par jour (Horton)
Dose d’attaque (complications ophtalmo) 2 : Méthylprednisone IV 1g / jour pendant 3 jours (OU 15mg/kg/j 1A)
En cas de cécité monoculaire, le traitement ne permet pas la récupération de l’oeil touché mais prévient la bilatéralisation de la cécité.
Décroissance initiée à 3-4 semaines : règle des -10% tous les 10 jours par exemple. La durée moyenne de traitement des de 12 à 18 mois, avec suivi régulier clinique et de la VS ou CRP.
Notes
– En cas de corticodépendance ou de rechute (évaluée sur le syndrome inflammatoire), un immunosuppresseur peut être utilisé à visée d’épargne cortisonique (methotrexate ou anti-IL6R, plus rarement azathioprine ou cyclophosphamide)
– Les anti-TNFα n’ont pas prouvé leur efficacité dans cette pathologie
- Anti-agrégant plaquettaire
Aspirine 100 mg/j ou HBPM à dose efficace si complication ophtalmo, pendant 2-4 semaines (recommandation d’experts)
5 réponses à “Artérite à cellules géantes”
Nouvelle publication HAS (aout 2017) : Protocole National de Dg et de Soins pour la maladie de Horton
Complication AOMI , quel traitement ?
Merci.
Bonjour,
Pouvez-vous expliciter votre question ?
Si vous cherchez le traitement de l’artériopathie des membres inférieurs, il est développé dans une fiche dédiée, et doit a priori être mené de manière classique en cas de Horton (tout en surveillant les éventuelles complications / interactions médicamenteuses avec la corticothérapie).
Bonsoir. L.’aspirine en plus de son Action antiagregante n’est il pas un anti TNF ?
Merci à vous
Bonjour,
effectivement, ils en parlent dans cette publication.