1) Généralités 1
Déf : les myiases désignent tout parasitisme d’un être vivant par la larve d’une mouche (diptère) ou asticot.
Physiopathologie
– Les larves pénètrent et se développent dans les cavités ou dans les tissus et sont à l’origine de lésions inflammatoires, toxiques et délabrantes selon le type de myiases.
– Dans l’hypodermose, la migration tissulaire prolongée de la larve entraîne des réactions œdémateuses méningoencéphalitiques et/ou oculaires, accompagnées souvent d’une hyperéosinophilie majeure.
Épidémiologie : principales myiases rencontrées en pathologie humaine et répartition géographique
Entités cliniques | Type de parasitisme | espèces ou genres | distribution géographique |
Epicutanée (hématophage) | Obligatoire | Auchmeromyia senegalensis | Afrique subsaharienne |
Des plis | Opportuniste | Musca domestica Caliphora eruthrocephala |
Cosmopolite |
Des plaies | Opportuniste Obligatoire |
Musca, Caliphora, Lucilia Cochliomyia hominivorax |
Cosmopolite Amérique |
Furonculeuse | Obligatoire | Hypoderma bovis Cordylobia anthropophaga Dermatobia hominis |
Europe Afrique subsaharienne Amérique latine |
Conjonctivale | Obligatoire | Œstrus ovis | Bassin méditerranéen |
Sous-cutanée rampante | Obligatoire | Gasterophilus intestinalis | Cosmopolite |
Cavitaire . vagin . rectum . conduit auditif . sinus, nez |
Opportuniste Opportuniste Opportuniste Obligatoire |
Musca domestica Eristalis tenax Musca, Caliphora, Lucilia Œstrus ovis, Rhinoestus |
Cosmopolite Cosmopolite Cosmopolite Europe (Sud), Afrique |
Intraoculaire | Obligatoire | Hypoderma bovis | Europe |
Système nerveux central | Obligatoire | Hypoderma bovis | Europe |
Parasitologie
Le cycle classique est ainsi décrit :
– Après accouplement, les femelles pondent leurs œufs sur le substrat favorable à leur descendance (sol, eau souvent putride, tige, bouton floral, fruit ou légumes, etc.) soit isolément, soit en traîné ou dispersés sur une surface plus ou moins grande
– Au bout d’un temps variant de quelques minutes à plus de 6 mois, l’œuf éclot et donne une larve (asticot) de quelques mm à environ 2 cm. Cette dernière possède à l’extrémité postérieur une paire de stigmates respiratoires dont la morphologie permet de distinguer le genre et l’espèce.
– Après un certains temps fonction de la température ambiante ++ et un certains nombres de mues qui permettent à l’asticot d’atteindre son plein développement, sa cuticule se durcit : c’est la pupe, en tonnelet, à l’intérieur de laquelle l’insecte adulte (ou imago) se forme.
– A maturité, la mouche s’échappe par un opercule préformé et le cycle recommence.
2) Diagnostic 1
Clinique | Paraclinique |
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atteintes viscérales, atteintes furonculoïdes tropicales, myiases des plaies et des cavités | Détection antigénique pour Hypoderma bovis |
A ) Clinique
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Myases viscérales : Hypodermose à Hypoderma bovis
– Mouche parasitaire des bovins (forme larvaire à maturité = varon en France)
– Devenue rare ++, touche exclusivement les enfants d’origine rurale ou ayant séjournés en région d’élevage bovin
– Signes cliniques (multiples et peuvent se succéder ou se juxtaposer)
. manifestations cutanées : lésions furonculeuses et/ou tumeurs ambulatoires
. manifestations profondes : syndrome méningé d’apparition brutale avec éosinophilie du liquide cérébrospinal
. ophtalmomyiases internes
-
Myiases furonculoïdes tropicales
> Cordylobia anthropophaga
– Le ver de Cayor est la larve parasite obligatoire de cette espèce
– Parasite également rats, chiens, porcs et autres animaux dans l’entourage de l’Homme
– Contamination par contact direct avec les œufs (lors de port de vêtements mis à sécher au soleil et non repassés ou en s’asseyant sur un sol souillé)
– Pas de cycle migratoire dans l’organisme
– La larve de stade 1 s’enfonce là où elle est déposée et donne des papules inflammatoires « furonculeuse » qui évolue très rapidement (10-15 jours environ) avec une sensation de corps étranger mobile
– Un pertuis permet à la larve de respirer, puis de sortir
> Dermatobia hominis
– Myiase d’Amérique du Sud ou « ver macaque » : évolution voisine de celle de ++ (mais beaucoup plus lente : 1-6 mois et plus selvatique)
– Aspect très particulier de la larve au stade 2, en « courge » ou en « poire » et le grand développement de ses épines cuticulaires rendent difficile et douloureuse leur extraction par simple pression
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Myiase des plaies et des cavités
– De très nombreuses mouches dont les larves vivent normalement dans des matières organique en voie de putréfaction ou non, peuvent se rencontrer chez l’Homme
– Notion de prurit local
– Sinusite ou rhinite due à Œstrus ovis : rhinorrhée ± purulente et céphalées frontales
B ) Paraclinique
– Mise en évidence de la larve dans le pertuis (clinique)
– Si suspicion d’hypodermose à Hypoderma bovis : détection des antigènes +++
C ) Diagnostic différentiel
Syndrome d’Ekbom
3) Evolution 1
– L’hypodermose à Hypoderma bovis a un sombre pronostic fonctionnel du fait de la perte de vision de l’œil atteint
– Le parasitisme pourtant parfois important de Cordylobia anthropophaga est sans gravité.
4) PEC 1
A ) Traitement
Présence d’asticot sur une plaie, dans une cavité naturelle ou sur la conjonctive de l’œil : extraction à la pince ou à la curette mousse ± parage chirurgical
Présence d’un ou de pseudo-furoncles chez un malade (revenu d’Afrique depuis < 1 mois ou d’Amérique depuis < 6-7 mois)
– attitude active : extraction d’un asticot chirurgicalement ou par pression des doigts
– attitude passive : laisser le parasite s’expulser seul ou recouvrir le furoncle de plusieurs épaisseurs de tulle gras, de vaseline ou de pommade antibiotique grasse avec surveillance quotidienne. La larve cherchant à respirer se retrouve dans le tulle ou la pommade.
Infestations massives
– Ivermectine (Stromectol ®) à la dose de 200 μg/kg (donné précocement, facilite la PEC)
– Eviter la surinfection
– Vérifier le statut vaccinal antitétanique
Hypodermose
– Ivermectine à la dose de 200 μg/kg en prise unique à jeun et sans manger dans les 2 heures qui suivent
– Contre indiqué dans les localisations oculaires : traitement chirurgical
B) Suivi
Surveillance régulière du fond d’œil en cas d’hypodermose.