1) Généralités 1
Déf : filariose cutanée due à Onchocerca volvulus
Physiopathologie
– Présence dans la peau des filaires adultes isolées ou regroupées dans des formations kystiques et localisation cutanée des microfilaires => syndromes cutanée et kystique de la parasitose
– Effraction cornéenne des microfilaires et réactions immunes => troubles oculaires de la chambre antérieure et du fond d’œil (choriorétinite pigmentaire et atrophique)
– Association symbiotique entre les filaires adultes et les bactéries du genre Wolbachia
Épidémiologie
Données épidémiologiques
– Foyer africain +++ (sahel présaharien jusqu’en Angola et en Tanzanie)
– Régions hyper-endémique : Burkina-Faso, Ghana et Côte d’Ivoire
– Environ 17 millions de personnes infectées dans les foyers endémiques africains
– Foyer américain (Mexique, Guatemala, Venezuela, Equateur, Brésil) en voie d’élimination
– Foyer du Yémen : forme particulier de la maladie (forme ‘’Sowada ‘’)
Vecteur
– Diptère nématocère largement répandu dans le monde du genre Simulium
– L = 1-3 mm, trapu, ‘’simulant’’ un moucheron noir, à la piqûre douloureuse
– Simulium damnosum = espèce la plus active en Afrique
– Les simulies pondent sur des plantes ou des rochers dans les eaux douces, courantes, fortement oxygénées et riches en éléments nutritifs (cascades ; chutes, rapides)
– Distribution de l’onchocercose étroitement liée au réseau hydrographique
Mode de transmission : piqûre douloureuse de la simulie.
Parasitologie
Agent pathogène
– Onchocerca volvulus = parasite spécifiquement humain
– Vers adultes
. Mâle : L= 2-3 cm ; femelle : L = 50 cm
. Durée de vie : 10-15 ans
. vivent dans le derme libres ou emprisonnés dans des nodules fibreux (onchocercomes ou kystes onchocerquiens)
Cycle évolutif 0
– Les larves se déplacent dans le tissu sous-cutanée, forment des nodules et mûrissement lentement pour donner des vers adultes.
– Les vers adultes mâles et femelles s’entrelacent dans ces nodules au niveau du tissu sous cutané de la peau
– Après s’être accouplés, le ver femelle pond environ 1000 larves de microfilaires (L= 300 µm 1) par jour dans le tissu environnant
– Les microfilaires vivent environ 1-2 ans se déplaçant à travers tout le corps humain dans le tissu sous-cutané (de jour comme de nuit)
– Lorsqu’une simulie femelle pique une personne infectée lors d’un repas de sang, des microfilaires sont transmises de la personne à la mouche
– Au bout d’1-3 semaines, les microfilaires se développent à l’intérieur de la simulie pour devenir des larves infectieuses qui seront transmises à d’autres personnes lors d’un autre repas de sang de la simulie.
2) Diagnostic 1
Clinique | Paraclinique |
---|---|
Asymptomatique Syndromes cutané, kystiques et oculaire |
Mise en évidence du parasite (ver adulte ou microfilaires) |
A ) Clinique
Syndrome cutané, onchodermite
– Prurit isolé puis lésions cutanées réalisant un prurigo
. Lésions de grattage donnant un tableau de ‘’gale filarienne’’
. Mélange de lésions jeunes +/- surinfectées et de lésions cicatricielles anciennes
. localisations : lombes, fesses et cuisses
– A la longue
. soit épaississement de la peau avec aspect pachydermique souvent lichénifié (aspect de peau de lézard)
. ou atrophie de la peau qui se plisse
– Dans les foyers hyper-endémique, chez les sujets plus âgés : pseudo-vitiligo onchocerquien (dépigmentation bilatérale des crêtes tibiales) probablement dues aux piqûres de simulies sur la partie découverte des jambes.
Syndrome kystique
– Onchocercomes ou nodules onchocerquiens (enkystement de plusieurs filaires adultes dans une capsule fibreuse)
. nombre variable : 1-15/ malade (1-3 en moyenne)
. taille variant de celle d’un pois à une mandarine
. indolores, durs, fibreux et roulant sous le doigt
. localisation : en regard du grand trochanter, de la crête iliaque et du gril costal (en Afrique) et dans la région cervico-céphalique (Amérique)
– Ces nodules ne suppurent jamais, ni ne se calcifient et sont facilement extraits chirurgicalement
Syndrome oculaire
– Apparaît après 10-15 ans d’évolution (parfois moins en zone d’hyper-endémie de savane)
– Héméralopie (gêne le malade dans ses activités vespéro-nocturnes)
– Atteinte de la vision diurne avec rétrécissement progressif et bilatéral du champ visuel
– Lésions du segment antérieur
. kératites ponctuées puis semi-lunaires
. présence de microfilaires dans l’humeur aqueuse
. iridocyclite
– Lésions du segment postérieur de l’œil : choriorétinite atrophique et pigmentaire
B ) Paraclinique
Mise en évidence du parasite adulte ou de ses embryons dans le derme
Scarification et examen du suc dermique
Biopsie cutanée exsangue (snip test)
– fragment de peau ellipsoïde, calibré, prélevé sans anesthésie locale
– prélèvement placé dans un verre de montre contenant quelques gouttes de sérum physiologique
– les microfilaires quittent le fragment cutané et s’agitant dans le liquide sont reconnues et comptées : charge microfilarienne
Biomicroscope (lampe à fente) : présence parfois de microfilaires d’Onchocerca volvulus dans la chambre antérieure de l’œil
Ponction d’un nodule : ramène un liquide contenant des microfilaires
C ) Diagnostic différentiel
Dans les zones d’infestation massive, les microfilaires d’Onchocerca volvulus sont à différencier de celles de Mansonella streptocerca (peu sensibles aux thérapeutiques)
3) Evolution 1
Les lésions oculaires sont réversibles au début, mais à la longue évoluent vers la cécité.
4) PEC 1
A ) Traitement
– Prise unique d’Ivermectine (Mectizan® ou Stromectol®) : diminution de la production des larves par la femelle (action sur la jonction neuromusculaire des parasites)
– Ivermectine + albendazole en prise unique : action sur les filaires adultes en cure unique (particulièrement intéressante en campagne de masse)
– Antibiothérapie avec cycline (association symbiotique aux Wolbachia )
B ) Prévention
– Lutte anti-vectorielle (larvicides)
– Distribution communautaire annuelle de microfilaricide (Mectizan ®) empêchant la transmission aux vecteurs.