Pneumo – Infectieux
Fiche réalisée selon le plan MGS
ECNi item 151
Déf : infection du parenchyme pulmonaire d’acquisition communautaire.
Epidémiologie
– 10% de l’ensemble des infections respiratoires basses en France
– Fréquence : 500 000 cas/an en France
– Mortalité : 2-5 % atteignant 40% chez les personnes admises en Réa (1ere cause de décès par infection dans les pays occidentaux)
– 10-20% des malades nécessitent une hospitalisation
Etiologies principales
Bactéries « conventionnelles »: (PAC grave, services de réanimation)
– Streptococcus pneumoniae (50% des PAC hospitalisées, due à la colonisation de l’oropharynx, pas de contamination interhumaine)
– Légionella pneumophila (BGN présent en milieu naturel et artificiel, contamination par aérosols d’eau contaminée dans des conduits mal entretenus, climatisations, etc. Pas de contamination interhumaine)
Bactéries atypiques : (PAC non sévère, adulte jeune, transmission interhumaine, contexte épidémique)
– Mycoplasma pneumoniae ++
– Chlamydophila pneumonniae
– Chlamydophila psittaci
Pneumonies virales : (identifiés dans 25-50% des PAC hospitalisées, co-infections virales/bactériennes fréquentes, implication directe du virus dans la pneumonie difficile à établir, transmission interhumaine, contexte épidémique)
– Virus influenza
– Paramyxovirus (Virus respiratoire syncytial, métapneumovirus humain et parainfluenza)
– Adénovirus
– SARS-CoV-2
Éléments d’orientation face à une PAC1A
Clinique |
Paraclinique |
---|---|
Signes respiratoires + signes infectieux | Rx pulmonaire : Sd alvéolaire ou interstitiel |
A) Clinique
– Signes respiratoires fonctionnels : toux ; expectorations purulentes ; dyspnée ; douleur thoracique si réaction pleural
– Signes généraux : fièvre ; asthénie
– Signes auscultatoires : syndrome de condensation alvéolaire (crépitants localisés, diminution du murmure vésiculaire ; souffle tubaire ; augmentation de la transmission des vibrations vocales) ; +/- syndrome pleural
nb : L’auscultation peut-être normale !
nb : Tableaux atypiques fréquents ! En particulier : Chez un sujet âgé, symptômes parfois différents (Apyréxie, confusion, incontinence urinaire, chute)2
Chez un adulte toussant depuis peu avec expectorations purulentes, l’association : [FC<100/min + FR <24/min + t°<38,0°C + auscultation normale] permet d’écarter avec une quasi-certitude une pneumonie, sans recourir à une radiographie 2
B) Paraclinique
Rx pulmonaire de face ++
– condensation alvéolaire systématisée
– opacités infiltratives uni ou bilatérales non systématisées
Possiblement normale sur retard radiologique ou foyer masqué par les structures anatomiques (cœur)
TDM thoracique : En seconde intention si
– difficulté d’interprétation de la Rx chez sujet âgé ou si pathologie pulmonaire sous jacente
– diagnostic étiologique (Immunodépression, recherche d’une cause obstructive type tumorale)
– bilan des complications locorégionales (épanchement, excavation)
– élimination d’un dg différentiel (EP)
nb : Echographie pulmonaire plus performante que la Rx chez l’adulte 2, à envisager (grossesse ++, suspicion d’épanchement1A) si disponible
Bio : non recommandée en ambulatoire (Si faite -> CRP<20mg/L : pneumonie peu probable – >100mg/L : très probable)
ECBC : identifie rarement la bactérie en cause, inutile hors hospitalisation
Indication des différents examens microbiologiques (A réaliser de préférence avant ATB – Mais ne doivent pas la retarder)
C) Différentiel
Devant une pneumopathie focalisée
– embolie pulmonaire
Devant une pneumopathie interstitielle diffuse
– PAC à germes conventionnels (pneumocoque, légionelle)
– OAP fébrile faisant évoquer une endocardite infectieuse
– Tuberculose miliaire
– Pneumocystose ( VIH+)
– Lymphangite carcinomateuse
– Pneumopathie d’hypersensibilité
– Pneumopathie éosinophile
– Atteinte pulmonaire satellite d’une connectivite ou d’une vascularite en poussée
Devant une pneumopathie excavée
– cancer bronchique
– Tuberculose pulmonaire
– Infarctus pulmonaire
– Vascularite
– Aspergillose pulmonaire
D) Cas particulier : Covid-19
Infection à SARS-Cov-2, transmission inter-humaine
Clinique : Sd grippal + Symptômes extra-respiratoires de type ORL (anosmie, dysgueusie), digestifs (douleurs abdo, nausées, diarrhées), cutanées (pseudo-engelures) et oculaires (conjonctivites)
Evolution : Variable, asymptomatique jusqu’à pneumonie sévère hypoxémiante avec SDRA (surtout si FdR).
Radio : Plages de verre dépoli non systématisées à prédominance sous-pleurale, voire condensations alvéolaires (stade avancé)
Diagnostic : PCR nasopharyngée
A) Histoire naturelle
En l’absence d’un traitement étiologique l’évolution se fait vers les complications.
Malgré traitement, toux, expectorations et dyspnées peuvent persister 6 semaines, et asthénie 3 mois 2
B) Complications 1B
Complications respiratoires
– Plèvre : épanchement pleural
– Parenchyme : abcès ; atélectasie
– Voies aériennes : découverte d’un corps étranger ou d’une tumeur
– Fonctionnelle : insuffisance / décompensation respiratoire aigue.
Complications générales
– Décompensation de tares : Insuffisance cardiaque ; diabète …
– Infections à distance : méningite ; abcès
– Choc septique ; Syndrome de défaillance multiviscérale
– Décès
A) Bilan initial
Hospitalisation à envisager si :
– Intolérance clinique (t°<36°C ou >40°C, HypoTA, FR>30/min ou confusion)
– Présence de comorbidités : insuffisance cardiaque, maladie cérébro-vasculaire, maladie rénale, hépatique, BPCO, hospitalisation dans l’année, antécédent de pneumonie bactérienne.
– Facteurs médico-sociaux : personne âgée isolée, isolement social, inobservance thérapeutique.
B) Traitement
- Antibiothérapie ambulatoire des PAC non graves3
1ère intention hors comorbidités |
Suspicion de germe atypique OU échec 1ère intension à 72h |
Comorbidités OU prise d’ATB récente <1mois OU Hospitalisation récente <6mois |
Amox 1gx3/j ——– Si CI aux pénicillines : Pristinamycine 1gx3/j |
Clarithromycine 500mgx2/j ou Spiramycine 3MUIx3/j Ou Azithromycine 500mg prise unique puis 250mg/j (mais impact ++ sur ATBrésistance) ——– Si CI aux macrolides : Pristinamycine 1gx3/j ou Doxycicline 200mgx1/j |
Amox/Ac Clav 1g/125mgx3/j ——– Si CI aux pénicillines : Ceftriaxone 1g/j (IM, IV, SC) ou Cefotaxime 1gx3/j (IM, SC) En dernier recours si aucun ATB possible : Levofloxacine 500mg/j |
Patient avec comorbidités + échec à 72h : Avis spé
Durée de l’Antibiothérapie : 7 jours max si PAC non compliquée. Arrêt possible à J5 voire J3 si obtention des critères de stabilité clinique :
– Apyrexie
– PAS>90mmHg
– FC<100/min
– FR<24/min
– SpO2>90% ou PaO2>60mmHg en AA
- Antibiothérapie en hospitalisation conventionnelle1A
- Antibiothérapie en soins intensifs1A
- Cas particulier du traitement de la Légionellose1B
Sans critère de gravité : Macrolide par voie orale 8j (5j si Azithromycine)
Avec critère(s) de gravité / chez l’ID : Levoxlofaxine 21j
- PEC symptomatique 0
Antipyrétique
PEC respiratoire (oxygénothérapie, ventilation)
Equilibre hydro-électrolytique
C) Suivi
Si ambulatoire : réévaluation systématique à J3, et si changement d’antibiotique à J6
Si hospitalisation : réévaluation quotidienne
– adaptation de l’antibiothérapie à la bactério
– ATB PO dès l’apyrexie
D) Prévention
– Vaccination anti-grippale – anti VRS – anti-pneumococcique – anti Covid-19 (Selon calendrier vaccinal)
– Déclaration obligatoire de la légionellose
– Sevrage tabac
Une réponse à “Pneumonie aiguë communautaire”
Les signes cliniques selon le germe sont à détailler, on les retrouve dans la fiche OD https://www.medg.fr/od-infection-respiratoire/