Neuro – Infectiologie
Fiche réalisée sans plan prédéfini
Item ECNi 148
Déf : prélèvement de LCS (liquide cérébrospinal = céphalo-rachidien = LCR) situé dans l’espace sous-arachnoïdien, réalisé dans des conditions d’asepsie stricte au niveau lombaire.
1) Indications et Contre-indications
- Indications 2 :
- Contre-indications absolues 1A
> Clinique
– Signes de focalisation neurologique / d’HTIC*
– Glasgow ≤ 11*
– Crises épileptiques focales ou généralisées après 5 ans*
– Crises épileptiques hémicorporelles avant 5 ans*
– Instabilité hémodynamique (sauf purpura fulminans ! 1B)
– Signes d’engagement cérébral : mydriase unilatérale, hoquet, mouvements d’enroulement
*Ces contre-indications imposent une imagerie cérébrale (TDM sans injection) et sont levées en l’absence d’effet de masse / signes d’engagement radiologiques
> Imagerie (TDM sans injection)
– signe d’engagement cérébral
– effet de masse
> Bio
– Anomalie de l’hémostase : TP < 50 % ou TCA > 1,5 ou plaquettes < 50.000/mm3
2) Modalités pratiques 1A, 2
Un bilan bio (hémostase, NFS-plaquette) ± TDM cérébrale sont nécessaires pour éliminer les CI.
La ponction est réalisée au niveau du cul-de-sac lombaire, entre les apophyses L4-L5 ou aux niveaux sous- ou sus-jacents, après une anesthésie locale. Le patient est placé en décubitus latéral (chien de fusil), ou en position assise, jambes pendantes ou repliées.
On utilise une aiguille à mandrin (biseau ouvert vert le flanc en cas d’utilisation d’une aiguille traumatique), qu’on avance horizontalement et légèrement côté cranial.
Une fois dans l’espace sous-arachnoïdien, le LCS est récolté dans différents tubes de prélèvement, habituellement 3 ou 4. On peut conserver un tube au frais pour d’éventuelles analyses supplémentaires (diagnostic étiologique d’une méningite).
3) Analyses et interprétation
- Types d’analyses 1A
4 analyses sont systématiques
– Aspect macroscopique : normalement « eau de roche »
– Analyse cytologique (à placer dans les derniers tubes pour limiter le risque de surestimation des hématies en cas de ponction traumatique) : nombre et type de cellule
– Analyse biochimique : protéinorachie, glycorachie (avec glycémie), chlorurachie ± lactates
– Analyse microbiologique (bactériologique) : examen direct et culture, ± antibiogramme
Autres analyses possibles (selon contexte) :
– Ag solubles pneumococciques
– PCR entérovirus, HSV, VZV
– PCR méningocoque, pneumocoque, BK
– PCR universelle (ARN 16S commun à toutes les eubactéries 0)
- Interprétation 1B
Valeur normale | Méningite purulente | Méningite lymphocytaire | |
---|---|---|---|
Aspect macro |
eau de roche |
trouble | clair |
Numération | < 5 /mm3 | > 20 /mm3, souvent > 1000 |
5-100 /mm3, jusqu’à 1000 /mm3 |
Formule | Lympho 60-70 % Monocytes 30-50 % 0 PNN ou hématie |
PNN > 50 % | Lympho > 50 % |
Glycorachie | > 2/3 x glycémie | < 0,4 x glycémie |
Viral : > 2/3 x glycémie Bactérien : < 0,4 x glycémie |
Protéinorachie | < 0,4 g/L |
En général > 1g/L | Viral : < 1g/L Bactérien : 1-2 g/L |
Lactatorachie | < 3,2 mmol/L | > 3,2 mmol/L | < 3,2 mmol/L |
Etio | – | Bactérienne +++ |
Normoglyc. = viral Hypoglyc. = Listéria, BK |
Cas particuliers :
– LCS panaché (proportion égale de lymphocytes et PNN) hypoglyc. : Evoquer listéria ++
– LCS hémorragique : ponction traumatique, hémorragie méningée, rarement méningite infectieuse (bactérienne, tuberculeuse, rupture d’anévrisme mycotique cérébral, méningo-encéphalite herpétique)
– LCS trouble avec normoglycorachie 1A : méningite virale à la phase initiale (<24h)
4) Limites et complications 1A
Limites : 2 situations rendent parfois le prélèvement impossible
– Limitations techniques : scoliose, calcification du ligament épineux, agitation du patient
– PL blanche : absence d’écoulement en cas de déshydratation sévère ou de compression médullaire sus-jacente
Complications :
– Syndrome post-PL : hypotension du LCS par écoulement via une brèche méningée. Céphalées à l’orthostatisme ± autres signes neuro (vision floue, acouphènes, distorsions sonores, nausées et vomissements…)
Traitement : alitement et antalgiques, blood-patch épidural si les céphalées persistent plus de 5-7j
Risque évolutif : hématomes sous-duraux bilatéraux, thrombose veineuse cérébrale
– Hémorragies épi- ou intradurales (1-2%), avec risque de compression
– Engagement cérébral (mais risque minime si imagerie cérébrale normale) 2
– Infection (abcès épidural, méningite, ostéomyélite). Rare 2
5 réponses à “Ponction Lombaire”
ATTENTION = grosse différence dans les recommandations sur les troubles de l’hémostase dans les CI à la PL :
– ref de neuro : « La réalisation de la ponction lombaire doit être précédée d’un bilan biologique »
– Pilly : « Dans la majorité des cas, aucun examen biologique n’est nécessaire avant de réaliser la PL »
– ref de pédia : « Aucun examen complémentaire systématique […] ne saurait retarder la pratique de la ponction lombaire »
Il y a-t-il une grosse différence entre effet de masse et signe d’engagement radiologique ?! Si oui, le pilly ne parle pas d’effet de masse dans les CI à la PL !!
Faut-il réaliser la PL en cas de purpura fulminans avec instabilité hémodynamique?
Le pilly précise dans les CI absolues à la PL : « Instabilité hémodynamique (PL à réaliser dès stabilisation) (hors cas du purpura fulminans). »
Mais, un peu plus loin, au sujet du purpura fulminans : « La PL n’est pas nécessaire (elle n’est par ailleurs souvent pas réalisable à la phase initiale du fait de l’instabilité hémodynamique, et des troubles de l’hémostase [CIVD fréquente]. »
La question, si je comprends bien, est si le « hors purpura fulminans » signifie :
– PL d’emblée si purpura fulminans même en cas d’instabilité
OU
– Pas de PL nécessaire en cas de purpura fulminans
C’est une bonne question !
Parole d’urgentiste : PL d’emblée si purpura fulminans quelque soit la clinique.