Oncologie
Fiche réalisée selon le plan MGS
Item ECNi x
Déf : le syndrome de Lynch, ou syndrome HNPCC (hereditary non-polyposis colorectal cancer), est une affection génétique touchant l’un des gènes du système MMR (mismatch repair), à l’origine de formes familiales de cancers, et notamment 3% des cancers colo-rectaux.
Physiopathologie : il existe initialement une mutation constitutionnelle sur un allèle d’un des gènes du système MMR impliqué dans la correction des mésappariements de l’ADN (MLH1, MSH2, plus rarement PMS2 et MSH6), de transmission autosomique dominante.
La survenue d’un événement somatique sur le second allèle du gène conduit à une instabilité génétique au niveau des microsatellites (= phénotype MSI, microsatellite instability), générant des mutations sur l’ensemble du génome et favorisant la transformation maligne de la cellule.
Clinique / Paraclinique |
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Critères de Bethesda (clinique + phénotype MSI) Confirmation génétique : mutation constit. gène MMR |
A ) Clinique
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Spectre tumoral du syndrome de Lynch
On distingue le spectre étroit (atteintes les plus fréquentes) et le spectre large (variétés plus rares associées). Le diagnostic de ces affections est développé dans des fiches spécifiques.
Spectre étroit du syndrome de Lynch
– Cancer colorectal : risque cumulé de 40-70% chez l’homme, 20-50% chez la femme ; fréquemment développé à partir de petits adénomes plans ou de polypes festonnés, principalement du côlon droit
– Cancer de l’endomètre : risque cumulé de 40%
– Cancer des voies urinaires supérieures
– Cancer de l’intestin grêle
Spectre large du syndrome de Lynch
– Cancer de l’estomac
– Cancer des voies biliaires (cholangiocarcinome ++)
– Cancer ovarien (endométrioïde ++)
– Glioblastome
– Tumeurs cutanées : adénome sébacé, kératoacanthomes (bénignes), carcinome sébacé (maligne)
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Critères pour suspecter un HNPCC
Critères d’Amsterdam II (historiques)
– ≥ 3 sujets atteints de cancer du spectre HNPCC étroit dont un uni aux deux autres au 1er degré
– ≥ 1 cancer diagnostiqué avant l’âge de 50 ans
– ≥ 2 générations successives concernées
– Exclusion d’une polypose familiale
Critères de Bethesda révisés (actuels)
– Patient avec un CCR diagnostiqué avant l’âge de 50 ans
– Patient avec un CCR avec une instabilité microsatellitaire et/ou une perte d’expression des protéines MMR en immuno-histochimie avant l’âge de 60 ans
– Patient avec 2 cancers synchrones ou métachrones appartenant au spectre HNPCC large quel que soit l’âge
– Patient avec un CCR et deux apparentés ou plus du 1er ou du 2e degré avec un cancer du spectre HNPCC large quel que soit l’âge
– Patient avec un CCR et un apparenté du 1er degré avec un cancer du spectre HNPCC large diagnostiqué avant 50 ans
B ) Paraclinique
Données histologiques
– Phénotype MSI de l’ADN tumoral : constant dans le Lynch, 15% des CCR sporadiques
– Recherche d’une inactivation d’un gène du système MMR par anticorps spécifiques par immuno-histochimie
Confirmation génétique : recherche de mutation constitutionnelle d’un gène du système MMR
C ) Diagnostic différentiel
Formes sporadiques des tumeurs appartenant au spectre du syndrome de Lynch : l’expression du phénotype MSI peut être liée à une inactivation acquise (liée au vieillissement) du gène MLH1, le plus souvent par hyperméthylation de son promoteur.
Consultation en onco-génétique, dépistage des apparentés 0
Surveillance des sujets porteurs 2
CCR : risque très élevé, chromoendoscopie tous les 2 ans à partir de l’âge de 20 ans. La chirurgie prophylactique sur côlon sain n’est pas recommandée.
Cancer endométrial : échographie endovaginale tous les 2 ans à partir de l’âge de 30 ans + prélèvement gynécologique. L’hystérectomie avec ovariectomie prophylactique peut être envisagée après accomplissement du projet parental.
Cancer de l’estomac : endoscopie haute associée à la 1ère coloscopie à la recherche d’une infection à H. Pylori, puis éradication le cas échéant.
Autres : pas de modalités consensuelles de surveillance systématique 2, surveillance clinique régulière au minimum 0.