Pédiatrie – Psychiatrie
Fiche réalisée selon le plan MGS
Item ECNi x
Déf : le syndrome de Rubinstein et Taybi (SRT) est une maladie génétique associant des anomalies morphologiques, un déficit intellectuel (constant, d’intensité modérée à sévère), et des particularités comportementales.
Epidémiologie : incidence estimée à 1 / 125.000 naissances vivantes, > 600 cas dans la littérature
Génétique : les anomalies de 2 gènes représentent des > 60% des cas
– CREBBP : mutation ponctuelle (30-50%, transm. AD 0), délétion (10-20%)
– EP300 : mutation (3%, transm. AD 0)
Clinique | Paraclinique |
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Association anomalies morphologiques (pouce spatulé, cuspide surnuméraire des incisives sup. définitives…) – déficience intellectuelle modérée à sévère – particularités comportementales et psycho (personnalité joviale) |
Génétique |
A ) Clinique
- Malformations et anomalies morphologiques
Dysmorphie faciale : évolutive
– Hémangiome capillaire, fentes palpébrales orientées en bas et en dehors, dépression de la racine du nez, microrétrognathie
– Puis replis épicanthiques, ptosis, strabisme, voûte palatine très ogivale, oreilles bas implantées en rotation postérieure, sourire grimaçant
– Signe le + caractéristique : racine du nez protuse, septum long et saillant sous le niveau des ailes du nez et columelle courte
Anomalies des extrémités
– Mains et pieds courts, doigts et orteils spatulés ± duplication du 1er rayon
– Pouce très évocateur : massif, spatulé, dernière phalange souvent déviée en dehors
Anomalies dentaires
– Cuspide surnuméraire en particulier des incisives centrales supérieures définitives – cuspides « en talon » (quasi-pathognomonique !)
– Incisives supérieures définitives « pré-conoïdes » avec perte du bombé mésio-distal ± certaines incisives temporaires bifides
– Encombrement dentaire en denture définitive
Troubles nutritionnels et métaboliques
– Difficultés alimentaires, risque d’hypoglycémie du nouveau-né (à prévenir systématiquement) par trouble du métabolisme glucidique (nésidioblastose, diabète)
– Retard de croissance (poids, taille, PC), le plus souvent post-natal, aboutissant à un retard statural souvent modéré (-2 à -3 DS)
– Obésité
Malformations cardiaques (1/3) : CIA, CIV, persistance du canal artériel, coarctation de l’aorte, sténose pulmonaire, valve aortique bicuspide
Anomalies ophtalmologiques (80%)
– Strabisme, anomalie de la réfraction, ptosis, colobome, rarement cataracte, opacités cornéennes, anomalie de la chambre antérieure, hypoplasie du nerf optique…
– Risque de conjonctivites à répétition par obstruction des canaux lacrymaux (38-47%)
Anomalies génito-urinaires (50%)
– Hydronéphrose, duplication de l’arbre urinaire, RVU
– Cryptorchydie uni- ou bilatérale
Anomalies cutanées : angiomes capillaires, hypertrichose
Anomalies neurologiques
– Epilepsie : convulsions (28%), anomalies EEG (60%)
– Agénésie du corps calleux
– Rétrécissement du cône terminal de la moelle épinière
Troubles digestifs
– Difficultés d’alimentation, RGO chez le jeune enfant
– Dysphagie (rare), parfois liée à une anomalie anatomique (palmure sous-glottique)
– Constipation fréquente
Troubles ORL
– Surdité (24%!)
– Apnée du sommeil de l’enfant par obstruction des VAS
Problèmes orthopédiques (en dehors des troubles liés à une duplication du 1er rayon) : luxation congénitale de hanches (1,4%), instabilité fémoro-patellaire (3,4%), luxation de la tête radiale, scoliose
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Troubles neuro-développementaux
Déficience intellectuelle : constante ! Handicap modéré à sévère (QI moyen = 50, étendue de 24-80)
Le retard des acquisitions prédomine sur le langage (expression et compréhension). Les enfants possèdent une certaine appétence à la communication, des praxies bucco-faciales satisfaisantes, une compréhension en situation et des capacités d’imitation correctes.
Autres troubles neuro-développementaux : hyperactivité, labilité émotionnelle, troubles de l’attention, stéréotypies, maladresse visuo-spatiale et visuo-motrice. Certains troubles du comportement peuvent intervenir à l’âge adulte.
Particularités psychologiques : les enfants atteints de STR sont souvent décrits comme ayant une personnalité sympathique et joviale
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Signes associés et risques évolutifs
Risque tumoral
– Tumeurs malignes : intracrâniennes ++ (médulloblastome, neuroblastome, méningiome), hémopathies (LA myélo- ou lymphoblastique, lymphome)
– Tumeurs bénignes : pilomatricome…
Risque anesthésique
– Larynx souvent étroit
– Des arythmies ont été observées suite à l’utilisation de médicaments cardiotropes (atropine, succinylcholine, néostigmine)
Chéloïdes plus fréquentes qu’en population générale (cicatrice hypertrophique spontanée ou après plaie / chirurgie)
B ) Paraclinique
Génétique moléculaire (confirmation) : sensibilité > 60% si analyse des gènes CREBBP et EP300.
C ) Diagnostic différentiel
Autres déficiences intellectuelles syndromiques 0
A ) Bilan initial
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Bilan initial
Bilan initial devant un SRT |
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Systématique – Examen clinique ciblé sur les troubles décrits en partie 2 – ETT, ECG – Echographie rénale – Examen ophtalmo complet incluant un examen à la lampe à fente – Audiogramme – Consultation spécialisée en orthopédie si anomalie des extrémités pouvant induire une gêne fonctionnelle – Bilan glucidique |
Selon l’âge et les données de l’examen clinique – TOGD ou pHmétrie oesophagienne – IRM rachidienne si suspicion de canal médullaire étroit – Consultation spécialisée (chirurgien-dentiste, diététicien, endocrino, hémato, gynéco après la puberté…) |
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Conseil génétique
En cas de mutation ponctuelle, le risque de SRT est de 50% pour la descendance d’un sujet atteint (transmission auto. dom).
En cas de microdélétion mise en évidence chez l’enfant, une analyse du caryotype des 2 parents recherche un remaniement chromosomique parental équilibré. En dehors de ce cas 0, le risque de récurrence est d’environ 1% pour une femme ayant eu un enfant atteint (mosaïcisme germinal) 2.
Si l’anomalie à l’origine du SRT a été identifiée, on peut proposer un diagnostic pré-natal aux couples qui le souhaitent.
B ) Traitement
PEC multidisciplinaire !
> Traitements pharmacologiques
PEC des anomalies du phénotype : aucun traitement spécifique n’existe dans le cadre du SRT, se référer au traitement en population générale
– Retard de croissance : traitement hormonal
– Complications ophtalmo : PEC d’un glaucome, autre…
– Convulsions
– RGO
Traitements préventifs
– ATBprophylaxie si RVU, ou avant procédure chirurgicale si malformation cardiaque
– Traitement orthodontique si malocclusion ou chevauchement dentaire
– Prévention CV : traitement précoce d’une HTA
> Autres traitements et prestations
PEC chirurgicales
– Duplication des premiers rayons, ongle incarné
– Malformation cardiaque, rénale
– Cryptorchidie (± après échec des gonadotrophines)
– Malocclusion ou chevauchement dentaire après échec du traitement orthodontique
– OMC
Diététique : RHD, consultation diététicien
Appareillage auditif / d’une apnée du sommeil
Suivi psychomoteur, orthophonique
Aides éducationnelles : souvent en milieu spécialisé
Accompagnement psychologique initial et au long cours
C ) Suivi
Bilan annuel
– Systématiques : contrôle tensionnel, examen ophtalmologique avec examen à la lampe à fente, bilan dentaire
– Si atteinte rénale : créatinine, urée, ionogramme sanguin et urinaire avec glycosurie, protéinurie, osmolarité, recherche d’hématurie
– Bilan cardiaque si HTA, ETT et ECG si cardiopathie congénitale
Autres examens selon les complications suspectées