1) Généralités 1
Déf : zoonose cosmopolite transmise par un nématode vivipare du genre Trichinella.
Physiopathologie
– Fixation des femelles dans l’intestin 48 heures après l’infection ⇒ catarrhe intestinal (diarrhée toxi-infectieuse)
– Dissémination larvaire et son enkystement musculaire avec excrétion de produits métabolites ⇒ œdèmes, myalgies diffuses, myocardites, encéphalites et signes généraux.
Épidémiologie
Données épidémiologiques
– les espèces du genre Trichinella se retrouvent partout dans le monde, surtout dans les régions à climat tempéré
– l’infestation de l’Homme est fréquent en Europe orientale, au Kenya, dans les pays de l’ancienne union soviétique, en Amérique du Sud, en Alaska, en Asie continentale et dans d’autres régions où on consomme de la viande crue ou peu cuite
– Plusieurs milliers de cas sont reportés chaque année dans le monde
– En France, les chiffres récents rapportent quelques cas sporadiques chez des chasseurs de sanglier (principalement dans le Sud du pays) ou chez des voyageurs dans des zones d’endémies après consommation de pores, de phacochères, de canidés ou d’Ours.
Mode de transmission : consommation de viande crue ou peu cuite contenant les larves enkystées.
Parasitologie
Agents pathogènes
> Adultes
– mâle : 1,5 mm et femelle : 4 mm
– localisation : intestins
> Larves et kystes
– jeunes kystes longues de 100-160 μm
– forme enkystées : 1 mm de long
Cycle évolutif
– S’effectue chez tous les carnivores et omnivores sauvages ou domestiques.
– Cycle auto-hétéroxène : le même animal porte le parasite à l’état adulte (hôte définitif), puis à l’état larvaire (hôte intermédiaire).
– Après la contamination de l’Homme, les larves enkystées sont libérées dans l’intestin et se transforment en adultes en 24-36 heures.
– Les femelles vivipares, émettent des embryons dans la paroi de l’intestin grêle, voire dans le mésentère.
– Les embryons gagnent par voie lymphatique puis sanguine le cœur gauche et la grande circulation.
– Les larves pénètrent dans les muscles striés dont elles transforment en une vingtaine de jours les fibres musculaires en cellules nourricières.
– Les larves ainsi enkystées peuvent survivre plusieurs mois avant de se calcifier.
– Le parasite n’a aucune vie en dehors des hôtes parasités.
– La chair putréfiée peut demeurer contaminante 2-3 mois
– Le fumage de la viande, une ébullition modérée, un rôtissage superficiel ou encore l’action de saumure (salaison de la viande) ne les tuent pas.
2) Diagnostic 1
Clinique | Paraclinique |
---|---|
catarrhe intestinal | Sérologie spécifique Biopsie musculaire |
A ) Clinique
> Contexte de petite épidémie, habitudes alimentaires ++
> Evolution en 04 phases
– Phase de catarrhe intestinal (dès 48 heures)
. diarrhées
. vomissements
. douleurs abdominales
– Phase de dissémination larvaire
. allergisante
. fièvre continue
. œdème généralisé sous-cutané et surtout palpébral (maladie des « grosses-têtes »)
. myalgies
. diplopie
. atteinte cardiaque ++ (vascularite, myocardite)
. atteinte neurologique (paralysie, troubles psychiques, coma)
– Phase d’enkystement (15 jours plus tard)
. diminution de la température, des myalgies et des œdèmes
. persistance des atteintes cardiaque et neurologique.
B ) Paraclinique
Diagnostic de certitude
– Sérologie spécifique (ELISA et IFI) confirmée par immunoempreinte (peut se positiver tardivement)
– Biopsie du deltoïde1préconisée pour documenter le cas index d’une épidémie mais pas pour le diagnostic des autres cas car invasif (à partir de la 3e semaine de contamination) : permet de visualiser les larves
Éléments d’orientation
– Hyperéosinophilie augmentant progressivement et pouvant dépasser 50% des leucocytes
– Augmentation des enzymes musculaires (CPK, aldolases)
C ) Diagnostic différentiel
Pas de données relatives au diagnostic différentiel dans le référentiel.
3) Evolution 1
A) Histoire naturelle
Lorsque la contamination est très importante, la maladie peut être très rapidement mortelle suite à un choc allergique.
B) Complications
Complications cardiaques et neurologiques.
4) PEC 1
A ) Traitement
Plus efficace lorsqu’il est introduit de façon précoce.
– Albendazole (Zentel ®) 15 mg/kg/jour pendant 10-15 jours
– ± Corticothérapie (prévention des complications neurologiques et cardiaques)
B ) Prévention
– Surveillance des élevages de suidés
– Contrôle vétérinaire des viandes dans les abattoirs (viandes chevalines etc.)
– Mesures domestiques
. cuisson des viandes à cœur (larves tuées en 3 min à 58°C et instantanément à 63°C)
. congélation prolongée à très basse température (15 jours à – 20 °C) efficace2certaines espèces comme le Trichinella nativa s’avèrent particulièrement résistantes à ce traitement